Après avoir renoncé, fin mars, à inaugurer la médiathèque de la Cité de l'immigration, le ministre a été accueilli le 6 avril à Evry aux cris de « C'est pas les immigrés qu'il faut virer, c'est Besson et toute sa clique », par cent à deux cents manifestants venus critiquer sa politique.

Il faut dire que la « feuille de route » préparée par Sarkozy qui lui fixe ses objectifs est éloquente. Il doit pour 2009 opérer 27 000 expulsions, 5 000 interpellations de passeurs et 1 500 contrôles du travail clandestin. Il faut traquer les unions dites « de complaisance », ne faire entrer que les immigrés « utiles au dynamisme de l'économie française », s'appuyer sur des visas de circulation, des cartes de séjour saisonnier, proscrire tout ce qui pourrait « ouvrir le droit à une résidence définitive ». Tout cela se fait bien sûr, au nom du bien-être dans les pays d'origine qui ne doivent pas souffrir de la « fuite des cerveaux ». Quant à la « nouvelle politique d'intégration », elle consiste à faire passer aux immigrés un examen de français et un entretien sur « les principes de la République » : liberté, égalité, fraternité, des valeurs qui ne doivent pas leur sauter aux yeux lors des multiples contrôles policiers qu'ils subissent !

Tout cela n'est pas neuf et s'inscrit, comme le dit Sarkozy, dans la continuité. Mais Besson, transfuge du Parti Socialiste et amateur de provocation, défend avec zèle cette feuille de route pour laquelle il était venu à Evry « faire de la pédagogie ». Il faut bien mériter sa gamelle !