L'amiante : Un poison bientôt de retour en Europe ?07/01/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/01/une2110.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

L'amiante : Un poison bientôt de retour en Europe ?

Depuis le 1er janvier 2005, l'usage et la vente de l'amiante sont interdits en Europe. Mais certaines entreprises avaient réussi à obtenir des dérogations, en particulier pour la fabrication de chlore, pour une durée de trois ans, sous prétexte du temps d'adaptation nécessaire. Et aujourd'hui une partie d'entre elles demandent une nouvelle dérogation.

Or, non seulement la Commission européenne s'est empressée de répondre positivement à la demande des industriels, mais elle a surtout élargi de façon scandaleuse les possibilités d'usage de cette fibre qui provoque la mort de plus de 3 000 personnes chaque année rien qu'en France. Non seulement il n'y aurait plus de limitation de durée des dérogations mais, de plus, l'interdiction de nouvelles applications a été supprimée. Verra-t-on bientôt revenir dans la vie courante des travailleurs des produits dangereux contenant de l'amiante, comme les plaquettes de frein ou l'amiante-ciment dans la construction ?

Depuis les années 1960, les grandes multinationales de l'amiante ont tenté de contourner les réglementations qui se mettaient peu à peu en place en Europe, transférant leur production dans les pays du Tiers-Monde. En 1968, Saint-Gobain et Éternit ont ouvert une mine au Brésil et diffusé l'amiante en Amérique latine alors qu'on connaissait déjà sa dangerosité depuis le début du siècle. Le même phénomène s'est poursuivi dans les années 1970-1980 en Afrique et en Asie. Les multinationales ont peu à peu sous-traité leurs opérations pour diminuer les risques de poursuite devant les tribunaux.

En Chine et en Inde, les travailleurs continuent d'être confrontés à l'amiante, que ce soit sur les chantiers de démantèlement de navires ou dans les usines de fabrication d'amiante-ciment. Les toits des bidonvilles du Tiers-monde sont souvent faits de plaques qui contiennent des fibres d'amiante.

D'après l'Organisation mondiale de la santé, l'amiante fait aujourd'hui près de 100 000 morts par an dans le monde, un chiffre largement sous-estimé car il ne prend en compte que les populations ayant un suivi médical. Ce fléau connu n'empêche pas des grands pays producteurs, comme le Canada, de tout faire pour pouvoir continuer à vendre ce poison. Ils s'opposent même à des réglementations élémentaires comme l'inscription de l'amiante sur la liste de la convention de Rotterdam obligeant les vendeurs à informer les acheteurs de la toxicité éventuelle des produits.

Ainsi, partout dans le monde, des capitalistes continuent à faire du profit en empoisonnant les travailleurs et les populations, avec la complicité des pouvoirs publics.

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