Automobile : Les travailleurs sont mis au chômage, les patrons profitent07/01/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/01/une2110.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Automobile : Les travailleurs sont mis au chômage, les patrons profitent

Le moment de la reprise du travail dans les usines de l'automobile, au terme de deux, trois ou quatre semaines de chômage, coïncide avec la publication des résultats 2008 des constructeurs. Et il se confirme que ceux-ci, toujours prompts à pleurer la bouche pleine, ont largement tiré leur épingle du jeu cette année encore, et s'apprêtent à servir aux actionnaires de confortables dividendes.

Certes, les ventes de voitures neuves ont reculé en France au mois de décembre, comme on pouvait s'y attendre. Le coup de gel subi par une grande partie des ménages de salariés, touchés par le chômage, total ou partiel, s'ajoutant à la hausse des prix et à l'insuffisance de longue date des salaires, ne risquait pas de pousser à un tel investissement, ni même, bien souvent, à l'achat d'un véhicule d'occasion en meilleur état que le précédent. Et si les primes à la casse ou autre bonus écologique ont pu favoriser les ventes, ce n'est la plupart du temps pas du fait des salariés les plus modestes.

Malgré les discours alarmistes des constructeurs, leurs résultats pour 2008 s'avèrent presque aussi bons qu'en 2007, à 0,7 % près, et nettement meilleurs qu'en 2006. Les patrons de l'automobile ont bon an mal an vendu en France 2 050 289 voitures neuves, cinquante mille de plus qu'il y a deux ans. Sur ce total, les constructeurs français peuvent avoir le sourire : Renault a progressé de 1,3 % et PSA Peugeot-Citroën de 1 %, malgré une baisse de 1,6 % pour Peugeot compensée par une hausse de 4,3 % pour Citroën. Ces résultats n'infléchissent pas le discours du PDG de Renault, Ghosn, qui continue de pronostiquer que " 2009 sera l'année de tous les dangers. Aucun constructeur n'en sortira indemne. Nous n'avons pas encore touché le fond et personne n'en voit la sortie ".

Les patrons de l'automobile ne savent pas encore vraiment ce que sera la crise, mais ils ont largement pris les devants. Ils espèrent fermement les mesures d'aide qui devraient être présentées fin janvier par le gouvernement et, en attendant, poursuivent leur politique de " réduction de la voilure ", ainsi que Ghosn nomme les réductions d'effectifs et les périodes de chômage.

À l'usine Renault de Flins, par exemple, où se fabrique la Clio, seules sept journées ont été travaillées en décembre et des jours chômés sont déjà programmés pour janvier et février. Du point de vue des travailleurs, les premières victimes ont évidemment été les centaines d'intérimaires, employés à longueur de temps sur les postes les plus durs, et qui ont été purement et simplement privés d'emploi. Et trouver une autre mission dans une région - la vallée de la Seine - où l'automobile domine relève de la gageure ! Ensuite les travailleurs des entreprises de sous-traitance se sont également vus menacés de chômage, sinon de déplacement forcé ou même de licenciement. Quant aux salariés de Renault, dont une partie sont incités à se rendre à l'antenne-départ mise en place dans le cadre du plan Ghosn, qui vise à supprimer d'ici avril 1 500 emplois, ils n'ont jusqu'à présent, pour la plupart, pas subi de perte de salaire pour cause de chômage partiel. La direction a en effet puisé dans les différents " compteurs " où les travailleurs ont accumulé, volontairement ou non, des journées de congés, et même sur leurs vacances, pour éponger les jours non travaillés.

Mais à présent, pour les travailleurs les plus récemment embauchés, ces compteurs sont vides et la direction de Renault-Flins a déposé auprès des pouvoirs publics une demande de chômage partiel pour 279 salariés. Pour février, ce nombre risque de doubler. Certains ont déjà calculé qu'avec ce système, leur assurant seulement 65 % du salaire brut, ils allaient perdre au minimum 30 euros pour chacune de ces journées chômées, soit probablement jusqu'à 300 euros dans le mois.

Sachant que, pour la seule année 2007, les bénéfices de PSA et de Renault, les derniers annoncés en attendant ceux de 2008, se montent respectivement à 826 millions et 2,734 milliards d'euros, on n'a aucun mal à déduire où trouver les sommes qui pourraient compenser ces pertes de salaires !

Partager