Prisons : Une politique catastrophique07/01/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/01/une2110.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Prisons : Une politique catastrophique

Au cours de ces dernières semaines, plusieurs magistrats et avocats ont visité une vingtaine de prisons et fait le bilan des conditions de détention et de la surpopulation carcérale. Il y a, à l'échelle du pays, 63 750 détenus pour 51 000 places. Mais ces chiffres, même accablants, ne rendent pourtant compte que bien partiellement de la réalité des conditions de détention et de vie dans les prisons.

En fait, les taux d'occupation dépassent par endroit les 150 %, c'est le cas pour la région parisienne, et peuvent parfois atteindre les 200 %. C'est le cas par exemple à la maison d'arrêt de Bordeaux-Gradignan, où le taux est de 204 % dans le quartier hommes, soit 662 détenus pour un peu plus de 320 places. 210 d'entre eux s'entassent à trois dans 70 cellules, avec les conséquences qu'une telle promiscuité occasionne en termes d'hygiène ou de tension entre prisonniers. Et du coup, ils n'ont pour la plupart plus accès à des activités et sont obligés de passer le plus clair de leur temps enfermés dans leurs cellules. Sans compter la réduction du temps accordé au parloir.

Mais les magistrats ont aussi souligné l'augmentation considérable du nombre de détenus souffrant de graves troubles psychiatriques. Cela représenterait environ 30 % des effectifs des prisons. Ce qui, vu le contexte, ne fait qu'augmenter les tensions et les violences entre détenus comme vis-à-vis des gardiens.

À cette occasion, des magistrats ont aussi indiqué qu'ils étaient souvent incités à incarcérer des prévenus sans domicile fixe, parce que sinon on ne saurait pas où les trouver au cours de l'enquête.

Or ce constat avait déjà été fait en mai par le commissaire aux Droits de l'homme du Conseil de l'Europe, qui jugeait déjà inacceptables les conditions de détention, et notamment la vétusté des installations et la promiscuité. Cette situation est en grande partie due à l'augmentation du nombre d'incarcérations en vertu de la loi sur les " peines plancher ". Leur nombre a explosé avec l'adoption en août 2007 de la loi sur la récidive.

Mais quelle peine faudrait-il appliquer à des politiciens qui récidivent dans le fait de maintenir des conditions d'incarcération aussi barbares ?

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