359 "morts de la rue" en 2008 : Un sinistre bilan07/01/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/01/une2110.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

359 "morts de la rue" en 2008 : Un sinistre bilan

En 2008, au moins 359 sans-logis sont " morts de la rue ", selon le collectif du même nom. Un chiffre qui a tragiquement progressé puisqu'en 2006 et en 2007, déclare son responsable, cette association n'enregistrait encore " que " quelque 200 décès en pareilles circonstances.

Quand il l'a interpellée, le 30 décembre, en lui demandant si elle se sentait " responsable de la mort de ce 359e SDF ", la ministre du Logement, Christine Boutin, s'est défaussée sur le mode de la compassion hypocrite. " Je me sens responsable, a-t-elle dit, comme tous les Français. Nous nous sentons tous responsables de la précarité et de la désocialisation. "

S'abriter derrière " tous les Français ", il faut oser. Cela rappelle une autre ministre qui, en d'autres circonstances, voulait bien s'avouer " responsable, mais pas coupable "...

Et cela fait des semaines que Sarkozy et ses ministres font entendre la même chanson selon laquelle, si malgré le froid les sans-abri ne viennent pas dans les centres d'hébergement, ce serait un peu de leur faute. Mais c'est que ces centres sont trop souvent synonymes de promiscuité, d'entassement dans des dortoirs où l'on ne peut pas dormir, où l'on risque de se faire voler ses affaires, sinon de se faire agresser, et d'où souvent l'on doit partir au petit matin...

Bien sûr, il pourrait y avoir des logements individuels mis à disposition des SDF. On a vu ces jours-ci des reportages télévisés sur la Norvège, où les froids sont autrement plus rudes qu'ici, sans apparemment qu'on y déplore de morts de SDF dans la rue, précisément parce qu'on met à leur disposition de telles solutions. En France même cela existe aussi, ici ou là. Mais c'est exceptionnel. Et comment pourrait-il y avoir assez de logements individuels corrects pour plus de 100 000 SDF, quand les autorités ne sont même pas capables de faire construire le nombre de logements décents, et à prix accessible à tous, qu'attendent des millions de gens ayant un travail ?

D'ailleurs avoir un travail est de moins en moins une garantie contre le risque de se retrouver à la rue. De plus en plus nombreux sont les travailleurs, hommes ou femmes, qui ont un emploi, parfois même en CDI, mais que l'insuffisance de leur salaire oblige à se tourner vers des organisations caritatives pour disposer d'un toit, parfois même pour manger à leur faim. Est-ce un hasard si, parmi les trois derniers décès de SDF recensés de l'année, l'un concernait un cheminot ? En tout cas, ce n'est pas la première fois qu'on a retrouvé mort un travailleur parce qu'il avait dû dormir dans sa voiture, sous une tente ou dans un local mal chauffé.

Bien sûr, tous ceux qui sont sensibles à cette situation indigne peuvent se sentir à leur façon " responsables ". Mais il y a aussi tous ceux qui, eux, en sont les principaux responsables : le patronat et les gouvernants. Le premier licencie à tour de bras et attaque sans cesse le pouvoir d'achat des travailleurs, tandis que ministres et président ont la charge d'orchestrer cette guerre faite au monde du travail et, au besoin, de l'enrober de paroles doucereuses.

359 sans-logis morts de la régression sociale qui s'étend... et la ministre du Logement ne se sent pas plus responsable qu'un autre ! Ne demandez plus à quoi sert d'être ministre : Christine Boutin a donné la réponse.

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