Télévision : Service public ou service de Bouygues ?07/01/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/01/une2110.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Télévision : Service public ou service de Bouygues ?

Un an presque jour pour jour après que Sarkozy a annoncé sa décision de supprimer la publicité sur les chaînes TV du service public, cette mesure est entrée en application, avant même que la loi qui doit définir cette réorganisation ne soit définitivement adoptée. Elle doit en effet encore être discutée par le Sénat, avant d'être définitivement adoptée par le Parlement.

Dès le lundi 5 janvier France 2, France 3, France 4, France 5 et France Ô ont cessé de diffuser des messages publicitaires payants de 20 heures à 24 heures. Pas grand monde ne regrettera ces longs tunnels consacrés à la publicité, qui contraignaient les téléspectateurs à attendre quinze, voire 20 minutes, pour pouvoir enfin accéder à l'émission qu'ils souhaitaient voir. Mais le vrai problème n'est pas là : il touche au financement des chaînes publiques.

Car cette suppression aujourd'hui partielle de la publicité, totale dans les années qui viennent, va se traduire par une perte de recettes de ces chaînes publiques, d'autant plus difficile à compenser qu'il leur faudra combler, par des émissions nouvelles, le temps dégagé par la suppression des messages publicitaires. Le gouvernement et une bonne partie de la droite se veulent rassurants, expliquant qu'ils ont prévu de financer le manque à gagner. Mais comment ?

Plusieurs rumeurs circulent à ce propos. Il serait envisagé d'instaurer une taxe sur les recettes Internet ou sur les recettes publicitaires des chaînes privées. En réalité, rien n'est vraiment décidé : ni l'origine des fonds qui compenseraient les pertes des chaînes publiques, ni le montant de la participation de l'État, ni la pérennité du financement de l'État. Les salariés de ces chaînes ont donc toutes les raisons de s'inquiéter de l'avenir de leurs emplois, mais aussi, cela va de pair, de l'avenir de la télévision publique, en particulier de la qualité des programmes dont ils assurent la production.

En effet, derrière la démagogie sarkozienne, l'escroquerie apparaît, prévisible, attendue, comme à chaque fois que le président de la République prétend se porter au secours du service public. Car à chaque fois c'est la même rengaine. C'est - ose-t-il dire - pour améliorer la qualité de l'enseignement qu'il " réforme " l'Éducation nationale, en supprimant des milliers de postes. C'est, prétend-il, pour améliorer la qualité des soins et celle de l'accueil qu'il démantèle les structures hospitalières publiques. À chaque fois, pour comprendre ce qu'il veut faire, mieux vaut prendre le contre-pied de ce qu'il déclare. Et cette fois, il n'est pas nécessaire de se torturer les méninges pour discerner les calculs du chef de l'État.

Car cette suppression de la publicité sur les chaînes publiques permettra aux chaînes privées, en particulier à TF1, propriété de Martin Bouygues, de récupérer une part plus grande de cette manne publicitaire. Qui peut sérieusement croire que ce serait pour que la qualité des émissions offertes aux téléspectateurs soit meilleure ? En revanche, que Sarkozy soit prêt à faire un geste en faveur d'un de ses amis milliardaires, cela paraît plus que clair.

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