Guinée Conakry : La France adoube la junte militaire07/01/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/01/une2110.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Guinée Conakry : La France adoube la junte militaire

La nouvelle junte militaire qui a pris le pouvoir en Guinée, à la suite de la mort de l'ancien dictateur Lansana Conté, affirme ne pas vouloir confisquer le pouvoir à des fins personnelles. Moussa Dadis Camara, le nouveau président, veut organiser des élections " démocratiques "... et redonner le pouvoir au peuple ! L'ancien dictateur, un militaire formé à l'école française, lorsqu'il avait pris le pouvoir par un coup d'État en 1984, avait dit la même chose, avant de confisquer le gouvernement, d'assassiner les opposants, de mitrailler la foule, de vendre les richesses du pays aux multinationales européennes, de s'enrichir au passage et de laisser la population s'enfoncer dans la misère.

Élevée dans le sérail, la nouvelle junte militaire semble, tout comme lui, plus intéressée à donner des gages aux puissances impérialistes, à rassurer les milieux financiers et les grands trusts miniers, qu'à satisfaire les besoins immédiats de la population pauvre.

Le chef de la junte, Moussa Dadis Camara, a d'abord déclaré qu'il ne laisserait plus brader les richesses du pays. Puis il a sifflé la fin de la récréation, en " nommant ", depuis son camp militaire, un Premier ministre qui n'est pas n'importe lequel. En fait de " civil ", c'est un banquier, Kabinè Komara, connu de la finance internationale. Il est là évidemment pour rassurer les trusts miniers internationaux et aussi, si possible, pour donner le change aux masses pauvres, faire croire que les militaires tiennent parole et qu'ils céderont, demain, le pouvoir aux civils avant de rentrer dans leurs casernes.

De son côté, le gouvernement français s'est précipité pour adouber la nouvelle junte militaire, dépêchant sur place à Conakry, début janvier, son commis-voyageur, Alain Joyandet, secrétaire d'État à la Coopération. Il veille sur les intérêts des entreprises françaises présentes dans le pays : Bolloré, Total, BNP-Paribas, Bouygues, pour ne citer que les plus importantes. De la bauxite, minerai dont on fait l'aluminium - dont la Guinée détient les premières réserves mondiales et est le second producteur au monde -, en passant par l'or, les diamants, le pétrole ou encore l'uranium, on ne compte pas moins de 70 entreprises françaises ou filiales exploitant les richesses de la Guinée.

Et pourtant dans ce pays d'Afrique de l'Ouest, l'un des plus riches du continent, la population de 10 millions d'habitants sombre dans la misère. Dans ce qui est considéré comme le château d'eau d'Afrique de l'Ouest, la population manque d'eau et d'électricité dans toutes les grandes villes. Les services de santé et d'éducation sont inexistants, l'analphabétisme règne et l'espérance de vie ne dépasse pas 50 ans. La corruption est omniprésente et, quand la population crie famine, l'armée massacre les civils désarmés, comme on l'a vu en 2007. Mais les intérêts français sont préservés.

Le gouvernement français a donc décidé de continuer sa " coopération ". Dans ce pays où l'armée est entraînée, financée et armée de pied en cap, depuis des décennies, par l'ancienne puissance coloniale, si le coup d'État n'a pas eu lieu avec son aval, ce qui est pourtant probable, elle s'en est fort bien accommodée. La continuation de la coopération entre la France et la Guinée, signifie en clair que l'impérialisme français est prêt à soutenir la nouvelle dictature et continuera, sans doute, à livrer des armes à l'armée guinéenne, comme il l'a fait, entre 2003 et 2006, pour un montant de 6 millions de dollars !

L'ordre doit règner à Conakry afin que les affaires des trusts français puissent prospérer. Mais il y a parfois des grains de sable dans cette mécanique, comme par exemple cette grève générale qui a mobilisé les masses guinéennes en 2007

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