On meurt toujours autant dans les prisons françaises07/01/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/01/une2110.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

On meurt toujours autant dans les prisons françaises

Selon les chiffres fournis par l'administration pénitentiaire, il y a eu 115 morts par suicide dans les prisons du pays en 2008. Ce nombre est en légère augmentation, mais à peu près du même ordre que les années précédentes. Mais il est considéré comme sous-estimé par certaines associations de soutien aux détenus.

Cela représente un suicide réussi tous les trois jours (il y a évidemment davantage de tentatives) soit environ dix fois le taux des suicides pour l'ensemble de la population du pays. Et 2009 a à peine démarré qu'on compte déjà trois suicides : un jeune criminel d'une vingtaine d'années, qui venait d'être transféré d'un hôpital psychiatrique où il venait de passer 45 jours, s'est pendu à la prison de Rennes. Aux Baumettes à Marseille, un détenu jugé dépressif s'est donné la mort. À Lyon, un homme accusé d'avoir tenté d'allumer un incendie la nuit du réveillon, ce qu'il niait, s'est tué après avoir été condamné à un an de prison ferme.

Ces trois cas sont quelques exemples parmi bien d'autres mais sont révélateurs. Très souvent la prison tient lieu d'hôpital psychiatrique. Chacun sait aussi qu'il y règne une surpopulation et donc une promiscuité qui accroît le désespoir des plus fragiles.

Pour éviter les suicides, ou en tout cas diminuer leur nombre, il faudrait une tout autre politique pénitentiaire et en particulier des locaux corrects avec un personnel plus nombreux, plus compétent et soucieux des possibilités de réintégration des prisonniers.

Au lieu de cela le ministère de la Justice voudrait trouver des procédés qui, à défaut de résoudre les causes, empêcheraient les candidats au suicide de parvenir à leurs fins. Il est question d'introduire des draps " autodéchirants ", selon un procédé américain, qui ne permettent pas de se pendre. Et encore d'observer les prisonniers toutes les deux heures. Or on peut évidemment se tuer dans cet intervalle et, comme le dit un syndicaliste des gardiens : " Ça fait péter les plombs chez certains détenus, car on les réveille puisqu'il faut allumer la lumière à chaque fois, voire taper à la porte de la cellule. "

Malheureusement le sort des prisonniers n'est pas près de s'améliorer et les prisons continuent d'être, comme on l'a souvent dit, " la honte de la République ".

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