Réforme de l'audiovisuel public : Bouygues, Bolloré et quelques autres en avant-scène.02/07/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/07/une2083.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Réforme de l'audiovisuel public : Bouygues, Bolloré et quelques autres en avant-scène.

La réforme de la télévision publique, qui va se traduire entre autres choses par la remise en cause de la publicité commerciale sur France Télévisions, qui regroupe les chaînes publiques Fr2, Fr3, Fr4, Fr5 et RFO, se mettra en place rapidement, à la hussarde. Dès le premier janvier 2009, la publicité disparaîtra des écrans de ces chaînes après 20 heures. Et au premier janvier 2012, elle devrait s'effacer totalement, en même temps que les revenus qui vont avec.

Pas grand monde parmi les téléspectateurs ne regrettera ces périodes de publicité interminables entre deux émissions ; ni n'aspire à ces coupures d'une émission ou d'un film par des séquences de publicité pour vanter les mérites d'un nettoyant ménager, d'une boisson " revitalisante ", ou les qualités d'une voiture plus performante que ses concurrentes, comme cela existe déjà sur TF1 et d'autres chaînes privées, et qui seront plus nombreuses sur le réseau privé.

En attendant, c'est Sarkozy qui soigne outrageusement sa propre pub en prétendant que cette réforme vise à améliorer la qualité du service public audiovisuel et le service rendu aux téléspectateurs. C'est notoirement faux. Preuve en est qu'il a pris sa décision à la suite de la publication d'un Livre blanc rédigé par TF1 qui, se plaignant de la baisse de ses recettes publicitaires, proposait de... supprimer la publicité... sur les chaînes publiques. Coïncidence ?

Les effets de cette mesure vont donc se traduire et se traduisent déjà par une augmentation des revenus de TF1. On connaît donc un téléspectateur qui doit être satisfait de cette réforme : c'est Martin Bouygues qui, entre autres investissements dans le béton et dans le bétonnage, est le propriétaire de cette chaîne.

Mais les millions qui vont enrichir Bouygues et d'autres vont du même coup manquer au service public. Les salariés s'inquiètent à juste titre de leur avenir, et de l'avenir des chaînes publiques. Et la promesse faite par Sarkozy que l'État allait compenser le manque à gagner ne rassure personne. D'une part parce que les chiffres avancés pour cette compensation ne couvrent pas la perte de recettes, et d'autre part parce que l'État a la déplorable habitude de ne pas respecter des engagements de ce type, et de laisser derrière lui des ardoises.

Certains proposent de récupérer le manque à gagner du service public en augmentant la redevance audiovisuelle, une solution qui pénaliserait une fois encore les bas revenus, et qui reviendrait à avaliser le cadeau que Sarkozy accorde à Bouygues et à ses amis milliardaires de la " com ". Sarkozy se dit défavorable à l'augmentation de la redevance... pour l'instant, et va instaurer une taxe de 0,9 % sur le chiffre d'affaires des fournisseurs d'accès internet et des opérateurs de téléphonie, façon de surtaxer en grande partie les mêmes.

Ainsi donc, dans cette affaire, les rôles sont distribués sans surprise. Dans celui des gagnants à coup sûr, en alternance ou ensemble en scène, Bouygues de TF1, Bolloré de la chaîne TNT Direct 8 et quelques autres. Dans celui des futurs sacrifiés, le service public audiovisuel sans nul doute sera contraint de faire plus avec un budget moindre (il faudra bien par exemple meubler quelque trois heures de publicité quotidiennes que l'on supprimera sur chacune des chaînes), et les téléspectateurs floués à qui on ne livrera pas le spectacle annoncé.

Et dans le rôle du grand mystificateur, le grandissime Sarkozy en chair et en os. Il fallait d'ailleurs s'y attendre, car Sarkozy en défenseur du service public, personne ne peut y croire.

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