Les Bourses flanchent, les prix flambent : Un système dément !02/07/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/07/une2083.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Les Bourses flanchent, les prix flambent : Un système dément !

Les Bourses s'affolent. Depuis la mi-mai, l'indice de la Bourse de Paris, le CAC 40, a perdu 14 %. Celui de la Bourse de New-York, le Dow Jones, 10 %. Parallèlement à cela, le prix du pétrole poursuit son ascension, ceux des matières premières aussi et, alors que les salaires stagnent, c'est la valse des étiquettes dans les magasins.

Tout cela est lié. La grande bourgeoisie a accumulé sur le dos de la population laborieuse des quantités considérables de capitaux, en faisant produire plus par moins de travailleurs, en supprimant des emplois, en licenciant, en augmentant les charges de travail, en profitant du chômage qu'elle alimentait ainsi pour imposer de bas salaires. Mais le problème des possédants, c'est de savoir à quoi utiliser tous ces capitaux. Leurs dépenses personnelles en produits de luxe, en villas somptueuses, en yachts de la taille d'un paquebot, en jets privés, en tableaux de maîtres, ne représentent qu'une goutte d'eau dans cet océan de richesses. Les capitaux qu'ils engrangent, ils veulent leur trouver de nouveaux placements, qui rapportent beaucoup et vite. Ils sont d'autant moins portés à les placer dans la production que, du fait des bas salaires, de la flambée des prix des produits de première nécessité, le marché solvable se rétrécit. L'immobilier, qui pendant des années a permis aux banques, aux promoteurs et aux marchands de béton de faire de fructueux bénéfices, donne des signes de faiblesse. Alors, ces gens-là spéculent sur le pétrole, spéculent sur les matières premières, comme ils avaient spéculé il y a quelques années sur les " nouvelles technologies ". Tant que les prix montent, il y a des bénéfices à faire à court terme. La hausse entraîne la hausse... jusqu'au jour où la bulle explose. Mais pour le moment, ça monte, et ils se moquent éperdument des conséquences sociales et humaines que cela peut avoir.

Le prix du pétrole s'envole, dans des proportions qui n'ont rien à voir avec la consommation des pays dits " émergents ", parce que des grandes sociétés parient que les cours vont continuer à grimper. Outre les conséquences que cela a pour tous ceux qui se chauffent au gaz ou au fioul, sur la hausse de tous les prix, sur l'activité des marins pêcheurs, des transporteurs routiers, des paysans, cela peut finir par entraîner toute l'économie dans une crise générale. Mais cela ne change rien aux décisions de ceux qui sont responsables de cette situation et qui ne voient pas plus loin que leur compte en banque.

Dans un monde où un milliard d'individus souffraient déjà de sous-alimentation, les possesseurs de capitaux spéculent sur le maïs, sur toutes les céréales susceptibles d'être utilisées pour produire des agro-carburants. Le renchérissement de produits alimentaires de base peut engendrer des famines, condamner à mort des dizaines de millions d'êtres humains, femmes, hommes et enfants. Mais ce n'est pas leur problème.

C'est cela le système capitaliste, " l'économie de marché ", dont Sarkozy et Fillon sont les zélés défenseurs au gouvernement, et dont les dirigeants du Parti Socialiste, dans l'opposition, affirment que c'est le seul système économique possible. L'économie " libérale " dont ils se réclament, c'est la liberté d'exploiter, de licencier, de fermer une usine - même si sa production est utile socialement - parce qu'elle ne rapporte plus assez. C'est la liberté de ruiner ainsi des villes, voire des régions entières. La constitution, les lois, garantissent ces droits aux possesseurs des capitaux, l'État est là pour les faire appliquer, et les politiciens professionnels sont à leur service. Et la conséquence de tout cela c'est que, dans un monde où la science et la technique ne cessent de progresser, la misère se développe, même dans les pays les plus riches.

Tôt ou tard, et le plus tôt sera le mieux, il faudra bien que, dans l'intérêt de toute l'humanité, le monde du travail jette à bas ce système dément et le remplace par un système économique dont le but sera de satisfaire les besoins de tous les hommes, et non d'enrichir une minorité de profiteurs.

Arlette LAGUILLER.

Éditorial des bulletins d'entreprise du 30 juin.

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