Depuis six mois, des manifestations se déroulent dans différentes villes du bassin minier de Gafsa, dans le Sud-Ouest tunisien. Dans cette région où le chômage dépasse largement la moyenne officielle nationale, l'étincelle du mouvement a été une possible manipulation, par les dirigeants de la Compagnie des Phosphates de Gafsa, cinquième producteur mondial de phosphates et principal employeur de la région, des résultats d'un concours d'embauche.

L'augmentation du coût de la vie touchant une population déjà pauvre, le clientélisme et la corruption étaient également dénoncés lors des rassemblements et manifestations, régulièrement réprimés avec violence par les forces de la police et de l'armée. Celles-ci ont arrêté à plusieurs reprises de nombreux manifestants et les militants considérés comme les organisateurs. Deux morts et des dizaines de blessés sont à mettre au compte de la répression.

Arrêté une première fois en avril à la suite d'une manifestation à Redeyef, le syndicaliste Adnane Hajji l'a de nouveau été dans la nuit du 21 au 22 juin, ainsi que d'autres militants. L'un d'entre eux étant absent lors de la descente policière, c'est son fils qui a été emmené et tabassé. Ces nouvelles arrestations font suite à la violente répression du 6 juin dernier, dont les victimes sont attribuées par le pouvoir aux militants participant au mouvement.

Mais malgré la répression, malgré les arrestations, les enlèvements et les comparutions en justice, le mouvement de protestation ne s'éteint pas et s'est même étendu, il y a peu, à Fériana, une ville du gouvernorat limitrophe de Kasserine.