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- Lutte ouvrière n°2083
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CMA-CGM : Pour les marins, l'inégalité légalisée.
Les porte-conteneurs de la CMA-CGM naviguent au long cours. Ils sillonnent les mers du monde entier, l'Asie, le Sud-Est asiatique, les États-Unis.
Pour les marins, ce n'est pourtant pas un travail qui fait voir du pays car les escales sont très courtes. Pour l'armateur, c'est l'escale qui revient cher. La hâte est au programme. Décharger les conteneurs et en recharger d'autres avant de repartir pour la prochaine escale ne demande pas plus d'une journée, deux au maximum. Pendant ce temps les marins ont du travail à bord, avec le nettoyage et l'entretien. Il faut aussi des marins à la machine pour assurer par exemple la ventilation, ainsi qu'un important travail de nettoyage des moteurs pour éviter un risque d'incendie. Il s'occupent aussi de se procurer et de charger le ravitaillement et n'ont guère le temps de descendre visiter la ville.
Les marins qui travaillent pour la CMA-CGM dépendent de deux statuts différents. La CMA-CGM, ayant sa flotte enregistrée dans le RIF (registre International Français), a le droit d'embarquer des marins étrangers.
Les marins français naviguent aux conditions de la législation française du travail : ils travaillent deux mois à bord et prennent deux mois de repos. Leur salaire moyen est de 2 200 euros par mois, net d'impôts quand ils naviguent au long cours. Ils bénéficient de la Sécurité sociale de la Marine, et touchent un treizième mois. Enfin, leurs frais sont payés par l'entreprise, comme les repas, l'hôtel éventuellement et surtout le rapatriement en avion à la fin de leurs deux mois de mer. Ce rapatriement peut être coûteux si, par exemple, le bateau navigue à ce moment-là dans les eaux du Sud-Est asiatique.
C'est surtout l'encadrement et les techniciens qui sont sous statut des marins français, c'est-à-dire l'état-major, les officiers, le bosco (contremaître des marins de pont), le chef de cuisine, les électriciens et mécaniciens.
Les étrangers embarqués, de nombreux Roumains, Croates, Philippins et Indonésiens, touchent eux un salaire de 1 200 euros net par mois. Il est vrai que c'est un meilleur salaire que celui qu'ils peuvent espérer en général de la part des armateurs de bien d'autres pays, d'autant que leurs nombreuses heures supplémentaires leur sont payées, ce qui est loin d'être le cas dans toutes les compagnies. Cependant, au contraire des marins sous statut français, ils naviguent six mois avant de pouvoir prendre un unique mois de congés.