Ils invoquent les " PME " pour mieux servir le grand patronat.28/02/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/03/une2013.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Ils invoquent les " PME " pour mieux servir le grand patronat.

Chaque fois que l'on évoque la nécessité, pour les travailleurs, d'interdire les licenciements et d'augmenter les salaires de 300 euros avec un smic à 1500 euros net tout de suite, Sarkozy, Bayrou, et même Ségolène Royal, répliquent : ce serait insupportable pour les petites entreprises.

" Petites " ? Un quart seulement des PME (petites et moyennes entreprises) ont moins de dix salariés. En fait, le terme englobe près de 95 % des entreprises, y compris de nombreuses filiales de grands groupes. Autant dire que l'ensemble du patronat peut se retrouver derrière cette bannière. Et autre avantage : cela évite aux gouvernants de devoir prétendre que le grand patronat n'aurait pas les moyens d'assurer des salaires corrects : vu les bénéfices engrangés année après année par tous les grands groupes, personne ne les croirait !

Alors, ces gens-là mettent les " petites entreprises " à toutes les sauces. Ce serait d'elles que dépendrait la fin du chômage. Elles auraient un gros potentiel de création d'emplois, pourvu, bien sûr, qu'on n'exige pas un salaire correct. Et à condition que l'État aide financièrement ces PME... Comme chacun connaît un boulanger, un cordonnier ou un marchand forain qui ne roule pas sur l'or, l'argument porte. Mais il recouvre une escroquerie.

Et si on nous le ressasse, c'est parce qu'il dédouane les grands groupes qui auraient amplement les moyens et de ne pas licencier et de verser des salaires dignes de ce nom à tous leurs salariés. Si on les forçait à réduire leurs marges et à prendre sur leurs profits, ces géants de la finance, de l'industrie, de la distribution, des transports, etc., auraient d'ailleurs de quoi assurer la même chose aux salariés de leurs sous-traitants, prestataires de services, fournisseurs et clients. Et cela en ferait du monde, car ces sous-traitants et fournisseurs sont à leur tour clients d'autres entreprises, petites et grandes...

L'existence et souvent la survie de nombreuses petites et parfois moyennes entreprises, donc les conditions de travail et de rémunération de leur personnel, dépendent de ce qui se décide dans les conseils d'administration des grandes sociétés. Et cela, de mille et une façons.

Ainsi, quand un grand groupe ferme une de ses unités dans une région, " tout ferme, nous aussi ", disait à la radio le patron d'une brasserie jouxtant l'usine Airbus de Méaulte, dans la Somme. Et dans de tels cas, il n'est pas rare de voir des commerçants et artisans d'une ville manifester au coude-à-coude avec ces salariés menacés qui sont leurs clients.

À l'inverse, toute amélioration du pouvoir d'achat de la classe ouvrière ne pourrait qu'améliorer les revenus de nombreux travailleurs non salariés. Ancien ouvrier ayant ouvert un atelier avec un copain ; artisan-taxi tirant le diable par la queue ; patron d'un petit atelier dont le niveau de vie ne dépasse pas celui des travailleurs du quartier, voire du compagnon qui travaille avec eux, la plupart n'ont rien de commun avec les dirigeants et actionnaires d'une grande société.

Bien des choses les opposent, en fait. Quand la banque, par le jeu du crédit, étrangle l'artisan ou le patron de bistrot. Lorsque le boutiquier, le petit entrepreneur se fournissent auprès de firmes qui leur imposent leurs conditions, et leurs prix.

Alors, ceux qui, au sommet de l'État, prétendent qu'améliorer la situation de la classe ouvrière menacerait celle des travailleurs non salariés mentent. Ils mentent délibérément pour détourner les classes laborieuses de leur ennemi commun, le grand patronat, qui dicte sa loi à l'ensemble de la société.

Partager