Barrages à risque : Défaut de surveillance d'EDF.28/02/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/03/une2013.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Barrages à risque : Défaut de surveillance d'EDF.

Il y a en moyenne, dans le monde, un accident chaque année dû à un barrage. Barrages pour l'agriculture le plus souvent, car ils sont moins bien surveillés, mais aussi barrages hydroélectriques.

Entre 1959 et 1987, soit durant près de trente ans, on a compté trente accidents qui ont fait 18000 victimes. En France, les dernières grandes catastrophes ont été, il y a un peu plus d'un siècle, celle de Vouzey dans les Vosges, avec une centaine de morts, et surtout, en 1959, celle du barrage de Malpasset près de Fréjus, dont la rupture a occasionné 421 morts. En Italie, en 1963 un glissement de terrain dans le bassin de retenue du barrage du Vajont a entraîné plus de 2000 morts.

Incontestablement, les barrages font courir des risques. Ils devraient être soigneusement surveillés et entretenus. Ils devraient...

Le 29 janvier 2006, un accident a eu lieu sur le barrage de Tuilières sur la haute Dordogne. Dans la nuit, la paire de contrepoids, de 80 tonnes chacun, équilibrant une des huit vannes du barrage a cédé. La vanne est partie. La retenue de 5 millions de mètres cube s'est aussitôt vidée. Le débit de la Dordogne, de 140 mètres cubes, a grimpé durant quelques heures à 480 mètres cubes. En aval, la montée de l'eau s'est étalée en une vague de seulement 70 cm de haut. Il n'y a eu ni victimes ni dégâts, mais peut-être parce que cela s'est passé à 3 heures du matin.

C'est très probablement cet incident qui a provoqué une enquête interne d'EDF. Les grands barrages sont en principe bien surveillés et ils sont munis d'appareils de détection modernes. En revanche, pour les petits et les moyens, les plus nombreux, il n'y a plus personne sur place, seulement des inspections de temps en temps.

L'enquête d'EDF, qui n'était pas semble-t-il destinée à être rendue publique, a été connue par le mensuel Capital qui l'a révélée. Le constat est plutôt alarmant : près de la moitié des barrages du pays ont des problèmes plus ou moins graves. Ici le béton se déforme, là il est poreux ou se fissure. Parfois ce sont les installations métalliques qui sont rouillées et menacent de céder, comme sur le barrage de Tuilières, etc.

La direction d'EDF tente de dédramatiser. Les barrages seraient conçus pour durer un siècle et un plan de 500 millions d'euros est d'ores et déjà prévu pour leur rénovation. On pourrait se dire que c'est une bonne chose qu'EDF ait elle-même effectué cette enquête interne et promette de faire le nécessaire. Mais la dégradation des barrages ne s'est pas faite en vingt-quatre heures et apparemment il a fallu qu'on passe très près d'une catastrophe pour qu'EDF se décide à... faire une enquête.

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