Ségolène Royal et les grandes entreprises.28/02/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/03/une2013.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Ségolène Royal et les grandes entreprises.

Patte de velours...

Après la publication des bénéfices record de Total, Ségolène Royal, lors d'une réunion publique à Fressenville (Somme), a parlé de cette société qui " vient de publier des profits incroyables " alors qu'elle " diminue le nombre d'emplois " et qu'elle " attend toujours d'indemniser les communes qui ont été souillées ". Elle a poursuivi en affirmant que " les pouvoirs publics doivent être beaucoup plus puissants pour organiser une juste répartition des profits des entreprises ".

Cela serait en effet bien le moins. Mais, ni à Fressenville ni ailleurs, la candidate socialiste n'a expliqué comment les monstrueux profits des grands groupes privés (95 milliards d'euros pour les quarante premiers) pouvaient être utilisés pour le bien commun.

Peut-être, tout simplement, veut-elle que l'État arrête de subventionner les entreprises privées (il leur a offert 65 milliards d'euros en 2005) ? Eh bien non. Les entreprises " auront le droit de percevoir des subventions ou des allégements de charge pour être davantage compétitives ", dit Ségolène Royal sur son site officiel. C'est-à-dire que cela continuera comme avant. François Hollande, interviewé dimanche 25 février, envisageait même de nouveaux dégrèvements de cotisations sociales pour les " nouvelles embauches ". Ségolène Royal apporte une restriction en déclarant que " si les entreprises licencient ou délocalisent, les fonds seront récupérables ". Mais cela l'engage si peu que même Villepin a pu le dire. Car l'argent public versé aux entreprises privées ne revient pas plus à l'État que les rivières ne remontent à leur source.

Peut-être compte-t-elle récupérer une partie des " profits incroyables " en augmentant l'impôt sur les sociétés ? Non plus, car " les prélèvements obligatoires ne devront pas augmenter " dit son programme électoral. Plus même, l'impôt sur les sociétés sera, d'après François Hollande, " modulé ". C'est-à-dire qu'il sera " abaissé si les profits sont réinvestis " et " augmenté si les profits sont distribués aux actionnaires ". Mais il ne sera sûrement pas augmenté de beaucoup... puisqu'il ne doit pas augmenter du tout.

... et mansuétude totale.

Tout de même, dans le cas particulier des profits pétroliers, le programme de Ségolène Royal parle d'un " impôt exceptionnel sur les superprofits destiné à améliorer les transports publics ", mais sans en préciser le montant, les modalités, ni la date d'application.

Ségolène Royal rapproche certes l'augmentation des profits des suppressions d'emplois, mais elle n'envisage nullement d'interdire les licenciements, ne serait-ce que dans les entreprises comme Total qui font des milliards d'euros de bénéfices. Pour la candidate socialiste, comme pour tous les gouvernements depuis trente ans, la " lutte contre le chômage " ce n'est pas la lutte contre les licenciements, c'est plus de subventions aux entreprises en général et aux très grandes en particulier.

Quant à la réparation des dommages causés par les pollutions et à l'attitude des pouvoirs publics vis-à-vis des grandes entreprises, le passé de Ségolène Royal parle pour elle. Au moment du naufrage de l'Erika le PS était aux affaires et Royal était ministre. Qu'est-ce qui aurait empêché les pouvoirs publics d'imposer à Total le principe de " pollueurs-payeurs " ? Rien, si ce n'est le respect du capital, des bénéfices, de la propriété privée.

Ce même respect qui, au-delà des phrases " de gauche " destinées aux électeurs, suinte de tous les discours de la candidate socialiste.

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