C'est aux responsables des emplois détruits de payer.28/02/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/03/une2013.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

C'est aux responsables des emplois détruits de payer.

Si le nouveau plan dit de restructuration d'Airbus n'a pas encore été adopté, tout ce qui se discute à son propos parmi les dirigeants de l'entreprise et les dirigeants politiques français et allemands va dans le même sens : faire payer aux salariés les frais des retards de livraison de l'A380, dont ils ne sont en rien responsables.

" Il ne doit y avoir aucune suppression de sites qui ne soit pas compensée ou organisée ", a déclaré Chirac après ses entretiens avec le chef du gouvernement allemand Angela Merkel. Ce qui est une manière hypocrite de reconnaître qu'il y en aura. Et pour les villes de France comme d'Allemagne qui sont dans le collimateur, cela risque d'être une catastrophe non seulement pour les milliers de travailleurs visés, mais aussi pour les régions concernées.

Si les gros actionnaires français et allemands sont en désaccord sur la répartition des fabrications... et des bénéfices, ni les uns ni les autres n'ont remis en cause le projet de supprimer 10000 emplois dans les mois à venir. Et, comme si cela allait de soi, le magazine allemand Focus fait état d'un projet visant à faire passer les horaires des travailleurs du groupe de 35 à 40 heures, sans augmentation de salaire.

C'est que les suppressions d'emplois envisagées ne correspondent absolument pas à une diminution du volume de travail à accomplir. Les carnets de commande sont au contraire pleins pour les années à venir. Mais pour les dirigeants du groupe, il s'agit de maintenir les profits de celui-ci, malgré le manque à gagner dû aux retards de livraison.

Les travailleurs ne sont pourtant pour rien dans cette situation. Ce sont les rivalités qui existent entre les différents gros actionnaires, la pagaille qui en résulte, qui sont en cause.

Des grands patrons, des actionnaires, on nous dit que ce qui justifie leurs revenus mirobolants, c'est l'importance de leurs responsabilités, les risques qu'ils prennent. Mais Airbus prouve au contraire que vis-à-vis de leurs salariés comme de la société tout entière, ils sont totalement irresponsables. Et que les risques, ils les font supporter aux travailleurs.

Ce n'est pas une situation propre à Airbus. C'est le mode de fonctionnement habituel du système capitaliste, un système dont le moteur est la recherche du maximum de profit pour les actionnaires. Un système pour qui les emplois des salariés, de ceux qui produisent toutes les richesses, ne sont (comme disent les économistes) qu'une " variable d'ajustement ". C'est ce qui explique que toutes les grandes entreprises enregistrent des profits records, alors que le chômage, le travail précaire, les surcharges de travail, pourrissent la vie de la population laborieuse.

Pour sortir de cette situation, la solution n'est certes pas de " travailler plus pour gagner plus ", comme ose le prétendre Sarkozy, alors que toute la politique du patronat vise à faire travailler plus pour le même salaire, voire pour gagner moins. Ce n'est pas non plus de " réconcilier les travailleurs avec les entreprises " comme l'affirme Ségolène Royal, ce qui n'a pas plus de sens que de vouloir réconcilier l'agneau et le loup.

La seule solution, c'est de ne pas laisser le grand patronat seul maître des destinées économiques du pays. C'est de donner aux travailleurs, à la population, le moyen de contrôler le pourquoi et le comment de toutes les décisions des grandes entreprises, en abolissant le secret bancaire et le secret commercial.

C'est pour défendre cette politique-là, pour permettre à chaque travailleur de dire par son vote qu'il est urgent de mettre un frein à la rapacité du grand capital, que je serai candidate à l'élection présidentielle du 22 avril prochain.

Arlette LAGUILLER.

Éditorial des bulletins d'entreprise du 26 février.

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