Finalement le Conseil d'administration d'EADS, réuni le 26 février à Munich, a " approuvé à l'unanimité " le plan dit " Power 8 ", ce qui signifie une attaque en règle contre l'ensemble des travailleurs d'Airbus.

À l'heure où nous écrivons, les différents points du plan drastique sont présentés aux syndicats, lors de la réunion du Comité d'entreprise européen. Mais déjà, de Villepin avait confirmé la semaine précédente la suppression de 10000 emplois. La presse, ces derniers jours, a parlé de 4300 emplois supprimés en France, dont 900 à Airbus Central Entity à Toulouse, et de 3700 en Allemagne. En plus, deux sites (Nordenham et Varel) seraient vendus en Allemagne et les sites de Méaulte et de Saint-Nazaire ville, en France, seraient également vendus. Cela vient s'ajouter aux autres mesures du plan Power 8 déjà initiées, comme la réorganisation de la sous-traitance à qui on impose jusqu'à 30 % de réduction des coûts ou celle qui, selon la presse, consisterait à augmenter le temps de travail de 35 à 40 heures sans augmentation de salaire.

Et pourquoi cela ? Selon le communiqué destiné aux employés " Power 8 permettra de faire face au défi de la faiblesse du dollar, de supporter les coûts financiers relatifs aux retards de l'A380 et les futurs besoins de financement. Le programme génèrera 2,1 milliards d'euros de contribution à partir de 2010 et en outre 5 milliards d'euros de trésorerie cumulée de 2007 à 2010 ". En fait, il s'agit de maintenir purement et simplement les profits pour les gros actionnaires, en faisant payer l'incurie de la direction aux travailleurs d'Airbus et de la sous-traitance, quitte à supprimer des milliers d'emplois et en aggravant les conditions de travail de ceux qui restent.

Pourtant cela ne va pas si mal que ça ! Et c'est la direction de EADS dont Airbus est une filiale qui le dit dans son journal Forum de février : " EADS peut contempler un bilan commercial 2006 plus qu'honorable, ce qui montre bien que l'entreprise a les reins solides pour affronter l'avenir. Airbus a battu son record de livraisons en 2006 et s'attend à faire encore mieux cette année. "

Sur les chaînes de montage à Toulouse, la maîtrise dit aux ouvriers, qu'ils ne seront pas touchés, que c'est dans les bureaux que le couperet va tomber. Il s'agit bien évidemment de diviser pour mieux régner ! De la même manière, on essaie de monter les travailleurs français contre les travailleurs allemands. Or, ce sont tous les travailleurs qui sont visés ou dans leurs emplois ou dans leurs conditions de travail.

Ce qui doit primer, c'est qu'aucun salarié, quels que soient son statut et sa nationalité, ne paie pour les intérêts égoïstes des actionnaires.

Ouvriers, techniciens, ingénieurs, ce sont les travailleurs d'Airbus mais aussi de la sous-traitance, qui produisent les avions. C'est avec leur sueur, leur intelligence que les millions de profits se sont faits et se font. Et ce sont eux que l'on condamnerait aux efforts et aux sacrifices ?

Aujourd'hui, il s'agit de riposter, de sorte que le Conseil d'administration et les gros actionnaires aient peur de tout perdre dès qu'ils oseront commencer à s'en prendre aux travailleurs. Mardi 27 février à Méaulte, dans la Somme, où sont produites les pointes avant des Airbus, les travailleurs se sont mis en grève. Ils ont raison.

Les travailleurs ont les moyens, en se mobilisant, de peser sur des décisions qui les concernent. En Midi-Pyrénées 60000 salariés travaillent pour le secteur aéronautique, à l'échelle européenne, cela représente plusieurs centaines de milliers de salariés. Seule leur lutte pourra être efficace pour faire respecter leurs emplois et les conditions de travail.