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- Lutte ouvrière n°2013
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Dans les entreprises
Michelin Clermont-Ferrand : L'emploi se dégonfle... les actionnaires se regonflent.
Malgré l'annonce, jeudi 15 février, d'un bénéfice net en baisse de 35,5 % en 2006, l'action Michelin a fait un bond de 17 % en une semaine. Les actionnaires seraient-ils devenus inconscients ? Au contraire, ils sont satisfaits car cette annonce ressemble à l'arbre ayant perdu quelques feuilles, mais qui cacherait une forêt resplendissante !
En publiant les résultats de Michelin, le journal La Montagne titrait d'ailleurs : " Des indicateurs au vert ".
Les actionnaires sont bien servis. Michel Rollier, le gérant du groupe, a annoncé que le dividende qui leur sera versé va encore augmenter de 7,5 % ! Cela fait 56 % de hausse en trois ans ! Et ils ont toutes les raisons d'être optimistes pour l'avenir. Comme le titrait le journal Les Echos, " La Bourse applaudit la perspective d'un effort de productivité ".
D'une part, si le bénéfice est en baisse, c'est principalement dû à " des charges non récurrentes de restructuration et d'arrêt d'activités industrielles "... Il faut traduire que Michelin a déduit 220 millions d'euros sur les bénéfices réels, pour fermer une usine au Canada, celle du Nigeria, ou encore l'atelier " camionnette " de l'usine de Bourges où 365 emplois disparaissent avec la crainte de 85 licenciements. Tout cela va permettre à Michelin d'augmenter sa productivité en concentrant la production sur un nombre plus réduit d'usines.
D'autre part, Rollier a confirmé l'intention d'atteindre d'ici 2010 les 10 % de bénéfices par rapport au chiffre d'affaires, contre 8,2 % aujourd'hui. Pour cela, il vise 1,7 milliard d'économies, dont la moitié par la baisse des " coûts industriels " avec la suppression d'au moins 10000 emplois dans les trois ans qui viennent, en Europe et en Amérique du Nord, en remplaçant moins de la moitié des 20000 départs en retraite !
Supprimer des emplois, Michelin sait le faire. Par contre, remplacer ne serait-ce que la moitié des retraités par des CDI, c'est une autre affaire. Les " embauches " dans les ateliers ne se font pratiquement qu'en intérim ou en CDD.
Lorsque, en décembre, les travailleurs de SODG, une filiale Michelin de Clermont-Ferrand, ont participé à des débrayages durant une semaine pour 150 euros net d'augmentation, la direction a prétendu qu'elle ne pouvait pas faire mieux que les 30 ou 40 euros qu'elle venait d'annoncer car " il faut tenir compte des contraintes économiques ".
Visiblement le discours n'est pas le même pour les actionnaires puisque, même quand les bénéfices baissent un peu, leur part continue d'augmenter !