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Dans le monde
Sénégal : Les élections ne régleront rien.
Le résultat des élections qui se sont déroulées le 25 février au Sénégal n'est pas encore connu mais les partisans du président sortant, Abdoulaye Wade, l'ont déjà proclamé vainqueur avec 57 % des voix ! Ce qu'ont évidemment contesté plusieurs des 14 autres candidats.
Le Sénégal est présenté comme un État africain modèle par les représentants des grandes puissances. Mais l'important pour eux est que les intérêts des compagnies occidentales comme Sanofi-Aventis, Fougerolles, les ciments Lafarge ou Nestlé soient bien protégés par le régime. Pour le reste, ses dirigeants, à commencer par Wade, ont beau se dire " démocrates ", la liberté de critique n'y existe que de manière très relative. Des journalistes, des écrivains ou des opposants politiques en ont fait l'amère expérience, en subissant les coups de la police ou des peines d'emprisonnement. L'ex-Premier ministre de Wade, Idrissa Seck, qui voulait former son propre parti en vue des élections, a ainsi été arrêté et emprisonné pendant sept mois. Même chose pour ceux qui ont essayé de contester le régime de manière trop voyante, comme les étudiants dont les grèves et manifestations ont été violemment réprimées en février 2006.
En 2000, Wade avait fait campagne en pronant " le changement ", et avait triomphé du Parti Socialiste qui était aux commandes du pays depuis quarante ans. Or depuis, la situation du pays n'a changé que pour se dégrader. En raison du vieillissement des centrales et de la hausse des prix du fioul, les coupures de courant sont de plus en plus fréquentes. Faute de moyens, les services publics comme l'enseignement, les transports ou les hôpitaux ont de plus en plus de mal à fonctionner. Enfin, alors que plus de la moitié de la population active est au chômage, le prix des produits de première nécessité flambe. Ces derniers ont ainsi enregistré 57 % d'augmentation au deuxième semestre 2006.
En revanche, la corruption et les détournements de fonds publics vont bon train. Le gouvernement invoque les difficultés économiques pour imposer des sacrifices à la population, mais il a su trouver de l'argent pour augmenter le nombre de députés, recréer des postes de sénateurs et multiplier par deux leurs indemnités ainsi que celles de ses ministres.
Autre sujet de mécontentement : le conflit indépendantiste qui couve en Casamance depuis 1982. En 2000, le candidat Wade se disait capable de faire revenir la paix " en moins de cent jours ", mais sept ans après, le problème en est au même point.
Enfin, la misère pousse chaque année des milliers de Sénégalais à risquer leur vie sur des embarcations de fortune pour tenter de gagner l'Europe, via les îles Canaries. Mais les accords entre le gouvernement sénégalais et les gouvernements européens (espagnol et français en particulier) pour durcir la surveillance de l'immigration clandestine et les rapatriements forcés en charter rendent la situation de plus en plus désespérée.
Ce ne sont pourtant pas les besoins vitaux de la population que le vainqueur des élections, qu'il s'agisse de Wade ou de l'un de ses rivaux, prendra en considération.