Bayrou, le " troisième homme " ? Sous l'homme de droite se révèle un... homme de droite.28/02/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/03/une2013.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Bayrou, le " troisième homme " ? Sous l'homme de droite se révèle un... homme de droite.

Dans la presse, comme sur TF1 le 26 février dans l'émission J'ai une question à vous poser, le candidat Bayrou joue l'homme de " l'ouverture ". Il serait l'homme du dépassement de l'opposition droite-gauche, en somme une troisième voix, qui incarnerait rien moins que la " troisième voie ".

Ancien ministre des gouvernements Balladur puis Juppé, l'actuel président de l'UDF, parti de gouvernement depuis 2002 en collaboration avec l'UMP de Chirac, aurait, nous dit-il, appris, compris et changé.

Et de nous assener quelques réponses qui semblent frappées au coin d'un bon sens tardif. Sur l'Éducation nationale, par exemple : il faut parvenir en trois ans à éradiquer l'illettrisme, dit celui qui fut pendant quatre ans, de 1993 à 1997, à la tête de ce ministère. Il faut garantir aux enfants qui entrent en sixième un écrit bien maîtrisé, et pour ce faire, repérer les élèves en difficulté et les aider. S'en prenant à la fois à Sarkozy, ministre d'un gouvernement qui supprime des milliers de postes d'enseignants, et à Ségolène Royal qui ne revient pas sur cette démarche, il s'engagerait à " garantir les postes " pendant le temps d'un mandat. Il ignore que c'est d'embauches massives que les services publics ont besoin, à commencer par l'Éducation nationale qui voit diminuer d'année en année le nombre d'adultes nécessaires pour encadrer, à tous points de vue, les élèves, des plus jeunes aux plus grands !

Au-delà d'un hommage appuyé et quelque peu suspect aux syndicalistes enseignants, les propos de Bayrou ne s'éloignent guère de ce supposé gros bon sens commun que lui donnerait son origine rurale et pyrénéenne. Il y a du bon partout. Il faut en finir, selon lui, avec " la guerre entre le PS et l'UMP " et " faire travailler ensemble des gens qui viennent de camps différents ". Se référant à De Gaulle et à Mendès France, Bayrou se dit prêt, non à faire du gouvernement une " auberge espagnole ", mais à confier éventuellement le poste de Premier ministre à quelqu'un de gauche, par exemple du calibre de... Jacques Delors, qui fut un des champions " socialistes " de l'austérité... pour les travailleurs ! De toute façon, " sortir de l'impasse " demandera un effort et " c'est le peuple français qui va devoir faire cet effort ". Le ton est donné.

Pas de surprise, donc. Les 35 heures, on doit pouvoir " les assouplir ", annonce Bayrou, et payer des heures supplémentaires à ceux qui le voudraient ! Travailler plus pour gagner plus, en quelque sorte, nous dit-il. Cela ne coûterait pas un sou aux entreprises, puisque la différence de tarif serait " entièrement prise sur les charges ". Chaque entreprise, quelle que soit sa taille, se verrait exonérée de charges (hors cotisation retraite) pour deux emplois créés. Quant au manque à gagner pour l'Unedic, la Sécurité sociale, le candidat n'en dit mot.

C'est drôle comme ces solutions " originales " ressemblent furieusement à celles, battues et rebattues, que nous resservent régulièrement les " grands " candidats, à commencer par son rival de droite Sarkozy. Mais qu'on les assaisonne à la sauce béarnaise de Bayrou ou à la vinaigrette de Sarko, cela ne rend pas les plats plus digestes.

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