Sarkozy et la valeur travail... des autres.28/02/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/03/une2013.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Sarkozy et la valeur travail... des autres.

Ceux qui auraient pu croire Sarkozy, quand il déclarait que la vie l'avait fait changer, n'auront pas eu longtemps a attendre pour vérifier qu'il n'en était rien.

Certes, il alterne les discours, jouant un jour l'émotion à l'égard des victimes de cette économie impitoyable, de ces patrons voyous, qui broient les travailleurs. Mais on a retrouvé Sarkozy sous son vrai jour, sans son maquillage d'ami du peuple, lors de son étape à Perpignan. Reprenant le ton de l'homme à poigne, du " Kärcher " et de " la racaille ", il a fustigé Mai 68, qui était, a-t-il dit, " une formidable inversion des valeurs ".

Il a réussi, ce fin limier, à démasquer, après quarante ans d'enquête il est vrai, la cause de tous nos maux : c'est l'esprit des idées de Mai 68. Comment en effet, explique-t-il, des intellectuels pourraient-ils avoir encore de l'autorité alors que certains d'entre eux ont " tant fait pour saper les fondements de la société et de ce qu'ils appelaient avec mépris la morale bourgeoise " ? Pour ce chevalier de l'ordre moral " la crise morale de la France porte un nom : celle du travail " et, pour préciser ceux que cela vise, il ajoute : " Comment le principe d'autorité peut avoir un sens dans une société où celui qui ne se lève pas le matin gagne autant que celui qui se lève tôt pour travailler dur ? "

Contrairement à ce que l'on pourrait croire, ce ne sont pas ses concitoyens de Neuilly, jeunes ou moins jeunes oisifs, que le ministre de l'Intérieur vise dans cette diatribe, mais ceux qui, à La Courneuve ou à Vénissieux, ou dans toutes les banlieues populaires, doivent se lever aux aurores pour chercher un travail qu'ils ne trouvent pas, ou qu'ils ne trouvent, la plupart du temps, que sous la forme de petits boulots, précaires et mal payés.

Sarkozy revient à son discours habituel. Il reprend l'équation démagogique : chômeurs égal fainéants. Il omet de rappeler que ceux qui ont transformé des travailleurs salariés en sans-emploi, en chômeurs, ce sont les grands patrons, les hommes de la grande industrie, de la finance et de la spéculation. Au nom du droit de propriété, ces gens-là peuvent jeter à la rue des milliers de femmes et d'hommes, les privant, eux et leurs familles, de leur gagne-pain. C'est cette même morale que défend Sarkozy qui les justifie lorsqu'ils préfèrent jouer en Bourse, spéculer, plutôt que d'investir dans la production afin de produire des marchandises utiles et, du même coup, des emplois nouveaux.

Les amis de Sarkozy, qu'ils se lèvent tôt ou tard, font travailler dur ceux qu'ils exploitent. Et leurs fortunes s'accroissent, même quand ils dorment ou séjournent dans les stations chics de sports d'hiver.

Partager