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- Lutte ouvrière n°1717
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Leur société
Statistiques sur le chômage : Entre les chiffres et la réalité, la gomme rose de l’ANPE et de Guigou
En 2000, l'Agence nationale pour l'emploi (ANPE) aurait recueilli 3,2 millions d'offres d'emplois, lesquelles auraient été satisfaites à 87 %.
C'est du moins ce qu'indique son rapport d'activité annuel, lui aussi satisfait, à défaut d'être... satisfaisant. En effet, un syndicat (le SNU), majoritaire chez les agents de l'ANPE, dénonce ce qu'il appelle le «bidouillage des chiffres» par ce qui est le service public chargé de l'emploi. Ceci, dit-il, afin d'atteindre «des objectifs démesurés (de placement des chômeurs que le ministère de l'Emploi fixe) au mépris de la manière dont ils seront atteints».
En 2001, les 18 000 agents de l'ANPE se seraient donc vu assigner comme mission par le gouvernement de collecter 3,1 millions d'offres d'emplois (plus, donc, que le nombre de chômeurs officiellement recensés), de les satisfaire aux deux tiers et de faire baisser de 1,2 million le nombre des chômeurs. Faute d'atteindre le score correspondant aux quotas locaux de ces objectifs nationaux, la prime de 3 000 F (en moyenne) accordée aux agents de l'ANPE diminue ou saute.
Un système instauré dès 1993, sous le second gouvernement de cohabitation, et que la gauche plurielle a maintenu, pour la même raison que ses prédécesseurs de droite avaient de l'inventer.
Du coup, diverses combines ont fleuri pour «faire du chiffre» (personnes «inscrites» sur les listings de l'ANPE après leur embauche, noms piochés au hasard pour les affecter à une demande d'emploi censée avoir été satisfaite...). Certains agents de l'ANPE y ont recours afin que leur salaire ne diminue pas. Mais ceux qui y ont le plus intérêt, bien sûr, ce sont les dirigeants de l'ANPE et, plus encore, leur ministre de tutelle, celle de l'Emploi, Elisabeth Guigou.
A quelques mois du scrutin présidentiel et des élections législatives, le gouvernement et son chef, Jospin, ont en effet tout intérêt à pouvoir se vanter d'une baisse du chômage. Et peu leur importe que cette baisse n'existe, en partie, que sur le papier.