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- Lutte ouvrière n°1717
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SNCF - Lancement du TGV Méditerranée : Les travailleurs ne veulent pas faire les frais des exploits de Gallois
«Un superbe enjeu commercial». Louis Gallois, président de la SNCF, saluait en ces termes, dans les colonnes de l'Humanité du 5 juin, le lancement du TGV Méditerranée. «L'un des éléments moteurs de l'évolution des transports dans notre pays», «gagner plus de six millions de voyageurs après trois années de montée en charge», «nouveau service pour lequel l'entreprise se mobilise tout entière»... Gallois est intarissable sur les mérites et l'avenir de ce TGV, qu'il espère hautement rentable.
Tout cela est bien joli, mais encore faudrait-il que le reste suive, à aussi grande vitesse. Mais si l'on en croit Gallois lui-même, c'est très loin d'être le cas.
Après les conditions de laboratoire du premier parcours effectué le 26 mai, après les flonflons de l'inauguration du 7 juin, après la première mise en service du 10 juin, il va falloir que le TGV Med roule comme promis, vite et mieux que tous ses prédécesseurs. Et là, Gallois lui-même explique, toujours dans sa longue interview à l'Humanité, qu'il faut s'attendre à des problèmes : «Nous vivrons une période de tension pendant environ un an». C'est certain, puisque les moyens en matériel et en effectifs ne suivent pas. Les nouvelles rames TGV ne seront en service qu'à la fin de 2001, au mieux. D'ici là, ce seront les anciennes qui devront rouler plus souvent et plus vite. «Le parc de matériel sera donc assez sollicité», conclut Gallois, qui poursuit : «Nous avons anticipé cela en veillant à la meilleure disponibilité des rames existantes par une réorganisation assez complète de leur entretien». Pour les cheminots des ateliers d'entretien du TGV Sud-Est, dont les effectifs sont restés identiques, cela signifie des révisions des rames moins fréquentes, moins complètes aussi, pour suivre le rythme des mises en service, et surtout un accroissement de la charge de travail, avec des pressions de l'encadrement afin de ne prendre les repos et les congés qu'en fonction des besoins de l'entreprise. Gallois a beau se vanter des quelques centaines d'embauches à la SNCF, elles restent tout à fait insuffisantes pour remplacer tous les départs en retraite et pour faire face à l'augmentation du trafic qui se traduit par une augmentation de la charge de travail, non seulement dans les ateliers et sur les chantiers mais également dans les services commerciaux.
Cela explique le mécontentement qui règne dans bien des secteurs de la SNCF et qui pouvait même s'exprimer clairement à l'occasion de l'inauguration par Chirac du nouveau TGV, le 7 juin, à la Gare de Lyon. Tous les syndicats avaient d'ailleurs déposé un préavis de grève pour faire en sorte que, ce jour-là, la centaine de personnalités et de journalistes ne soient pas les seuls à se rassembler dans la Gare de Lyon pour accueillir Chirac... On ne sait pas par qui elle s'est fait rappeler à l'ordre, mais le fait est que la CGT de Paris Gare de Lyon a décidé de retirer son préavis de grève et s'en est expliquée par tract, en ces termes : «Notre démarche revendicative permanente s'articule autour de la défense des revendications construites avec les cheminots et non autour d'événements médiatiques. (...) L'objectif de la CGT (...) n'est pas d'empêcher la mise en circulation du TGV Med.» Et, par conséquent, la CGT ne veut pas être tenue pour responsable «si la mise en place du TGV Med. se déroulait dans de mauvaises conditions». Pourtant, les mauvaises conditions permanentes de travail des cheminots représentent des raisons plus que suffisantes pour débrayer et rappeler à tous les officiels rassemblés quelles sont les revendications. Mais il faut croire qu'aujourd'hui, la direction de la CGT se sent plus solidaire de Gallois et du ministre Gayssot que des travailleurs mécontents.