Marée noire de l’«Erika» : Le droit de polluer08/06/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/06/une-1717.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Marée noire de l’«Erika» : Le droit de polluer

Deux ans après la marée noire provoquée par le naufrage de l'Erika, la société Tevere-Shipping, l'armateur dudit Erika, a fini par trouver le chemin des tribunaux. Non sans mal et alors que tout laissait supposer que le pollueur réussirait à jouer l'impunité totale.

Il aura fallu une plainte de la Confédération maritime, proche de la Confédération paysanne, pour que l'armateur finisse par rendre quelques comptes devant le tribunal de commerce de Nantes. Jusque-là, sur la question des indemnisations, l'armateur était inscrit aux abonnés absents, se contentant de renvoyer les sinistrés sur son assureur basé dans un lointain paradis fiscal. Pas de quoi rassurer tous ceux qui ont été victimes du pollueur.

Tevere-Shipping a donc accepté de faire un geste : verser 84 millions aux victimes, autant dire une aumône en regard des dégâts provoqués par l'Érika et dont la facture s'élève à 5 milliards de francs !

Tevere-Shipping a beau jeu de répondre qu'il a fait le maximum fixé par la réglementation internationale. En effet une convention maritime stipule que la responsabilité financière des armateurs doit être autoritairement limitée dans ce genre de catastrophe. Un véritable cadeau fait aux armateurs, un droit de polluer en quelque sorte.

Bref, les dirigeants des grands États réussissent à se mettre d'accord sur une convention internationale qui excuse à l'avance les infractions des armateurs, limite leur responsabilité mais ils ne parviennent pas à édicter des lois qui interdisent réellement à des épaves de naviguer, à des pétroliers de dégazer, et qui obligent les armateurs à respecter les droits des travailleurs de la mer, secteur, on le sait, où c'est loi de la jungle qui règne.

Les armateurs-pollueurs ont encore de beaux jours devant eux.

Partager