Menace de récession ? Cela ne concerne pas les riches !08/06/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/06/une-1717.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Menace de récession ? Cela ne concerne pas les riches !

A en croire les gazettes, l'économie mondiale aurait des ratés. Même dans les pays les plus riches et les plus développés de la planète, des risques de récession se profileraient à l'horizon. Une nouvelle fois. Mais, alors que les plans de suppressions d'emplois reprennent de plus belle en Amérique et en Europe, cela ne signifie nullement que le monde, celui des riches cette fois, s'en porterait un peu moins bien. Au contraire : les détenteurs du capital, à commencer par les patrons des grands groupes financiers, industriels ou commerciaux, sont de plus en plus riches.

Le club de ceux que les financiers appellent les «IF» (ces «investisseurs fortunés» possédant au moins un million de dollars rien qu'en titres monétaires ou boursiers) regroupe 7,2 millions de personnes de par le monde. 180 000 de plus qu'il y a un an. Bien sûr, même parmi ces «IF», il existe d'énormes différences de fortune. L'homme le plus riche au monde - il «pèse» plus de 475 milliards de francs - est l'Américain Robson Walton, de la famille propriétaire des chaînes de supermarchés Walmart. Il a récemment détrôné Bill Gates, le patron de Microsoft, qui ne vaut «plus que»... un peu moins de 400 milliards de francs.

Au Canada, le plus riche est aussi un patron (celui de Nortel), dont le revenu atteint 354 millions de francs et a presque doublé en un an (les revenus des patrons canadiens n'ont augmenté en moyenne «que» de moitié environ dans le même laps de temps).

De ce côté-ci de l'Atlantique, ce n'est pas mal non plus. Le président de la principale banque suisse, UBS, gagne plus de 48 millions de francs par an, 112 fois plus qu'un de ses salariés de rang moyen (et, en Suisse, ceux d'une banque d'affaires ne sont pas les plus mal lotis). Le «pauvre» Jean-Marie Messier, patron de Vivendi Universal, avoue gagner, lui, 28 millions de francs de salaire brut. Mais, comme ses pareils, il n'avoue pas tout, en particulier les stock-options, ces actions à prix cadeau que s'octroient les grands patrons et dont la valeur dépasse, et de loin, leur revenu affiché.

A tel point d'ailleurs que certains se payent le luxe, au propre comme au figuré, de renoncer à leur salaire. Ainsi, invoquant les difficultés des valeurs technologiques outre-Atlantique, le PDG du géant américain Cisco a réduit son propre salaire à un seul dollar. Mais après avoir empoché, en 2000, 150 millions de dollars en stock-options ! Pas mal pour un secteur en «difficulté».

Ici, certains font de même, mais à une moindre échelle. Bernard Tapie vient d'annoncer être prêt à travailler gratuitement pour l'Olympique de Marseille mais, pas fou, en échange d'une option pour un franc symbolique sur 15 % du capital du club (ce sont précisément cela, les stock-options).

Évidemment, il y a les autres, tous les autres, l'immense majorité de la population. Et là, on change de monde. Selon une enquête publiée mi-mai par l'INSEE, en France le salaire moyen d'un travailleur serait de 10 930 F mensuels. Mais il s'agit précisément d'une moyenne, et elle masque d'énormes disparités. Si 10 % des salariés les mieux payés touchent en moyenne 17 237 F par mois, les 10 % les moins payés n'ont que 5 556 F pour vivre. Et encore, l'INSEE précise que l'enquête ne porte que sur les emplois à temps plein, or les plus bas salaires frappent d'abord les travailleurs, souvent des travailleuses, à temps partiel.

Mais rassurez-vous, cela va changer. En tout cas, c'est ce qu'a affirmé, il y a moins d'un mois, la conférence de l'ONU sur les 49 pays les plus pauvres de la planète, en disant avoir pour objectif de réduire de moitié le nombre des 600 millions d'êtres humains vivant dans l'extrême pauvreté. Rappelons quand même que, depuis la dernière conférence de l'ONU sur le sujet, le nombre de ces pays... a doublé. C'est cela, le règne du capitalisme.

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