Jospin story08/06/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/06/une-1717.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Jospin story

A peine la veine de Loft Story, qui avait copieusement alimenté la verve de tous les écrivassiers de France et de Navarre, noircissant des pages et des pages sur les ébats et les états d'âme de Loana, d'Aziz et leurs compagnons, était-elle en train de s'épuiser qu'arrive, fort opportunément, le feuilleton sur le passé de Jospin qui permet à son tour de meubler la chronique.

Ainsi donc le Premier ministre a fini par avouer qu'il était à l'OCI, provoquant un déferlement médiatique et politicien sans commune mesure avec l'événement - si l'on ose parler d'événement en l'occurrence. Du coup, on assiste au grand déballage. Chacun installe ses vieux atours sur le trottoir, comme dans une grande brocante. Il y a ceux qui déclarent qu'ils «en étaient», tel Mélenchon, Cambadélis et quelques autres, et qui disent qu'il n'y a pas de honte à ça - ce qui ne les empêche pas de faire de pesantes leçons de morale à ceux qui restent fidèles à leurs idées. Il y a ceux qui disent ne pas en être, ceux qui montent en épingle l'audace de Jospin qui ose enfin se dévoiler et qui, tel le président du groupe parlementaire du Parti Socialiste, Ayrault, en profite pour rappeler, sans en avoir l'air, qu'il ne lui viendrait pas à l'idée de rappeler le passé d'extrême droite de Madelin, ou de quelques autres du même acabit.

Ce débat, d'une très haute qualité, subjugue nombre de beaux esprits, dont nous nous garderons bien d'être. Mais peut-être eût-il été plus fructueux de mettre en débat, par exemple, le passé de Mitterrand, en temps utile, c'est-à-dire à l'époque où tous ces beaux esprits, dont Jospin lui même, tressaient sa légende de sauveur de la gauche.

Jospin a donc appartenu à l'OCI pendant des années, c'est lui-même qui le dit désormais, durant la période où il était à l'ENA. Et qu'il l'ait encore été, peu ou prou, quand il a accédé à la direction du PS, force est de constater que jamais cela ne s'est vu, jamais cela ne s'est traduit par des prises de positions que l'on puisse mettre au compte de ses affinités trotskystes. Il est toujours apparu comme un énarque modèle, BCBG, comme un haut fonctionnaire fonctionnant sans anicroche au service de ses patrons, comme un responsable socialiste que rien ne distinguait de ses acolytes au sein du parti. Si double jeu il y a eu, c'est toujours le côté «serviteur de l'Etat» qui est apparu. Aussi bien dans le passé le plus lointain que lorsqu'il a occupé la fonction de premier secrétaire du PS, de ministre de l'Education nationale, ou aujourd'hui de Premier ministre. Il n'a jamais failli à cet égard, et c'est sans réserve qu'on peut lui décerner le label de zélé serviteur de la bourgeoisie.

Reconnaissons donc qu'il n'a jamais été, au grand jamais, dans le camp des communistes révolutionnaires, dans le camp des travailleurs.

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