L’éditorial d’Arlette LAGUILLER : Tous dans la rue le 9 juin contre les plans de licenciements08/06/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/06/une-1717.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Editorial

L’éditorial d’Arlette LAGUILLER : Tous dans la rue le 9 juin contre les plans de licenciements

(Editorial des bulletins d'entreprise du 4 juin 2001)

Inquiets pour les élections à venir, les dirigeants du Parti Socialiste peuvent se succéder dans les journaux, à la télévision, à la radio, pour chercher des boucs émissaires en s'en prenant surtout à Lutte Ouvrière ! Ils n'effaceront pas le fait que c'est la politique du gouvernement au service du grand patronat qui est responsable de leurs déboires électoraux aux municipales et qui risque de faire échouer Jospin à la présidentielle. Mais si cela fait peur à Jospin, c'est au patronat que les travailleurs doivent aujourd'hui faire peur.

Depuis quatre ans que Jospin dirige le gouvernement, les travailleurs ont eu amplement le temps de se rendre compte que, face à l'offensive que le patronat mène depuis des années contre les travailleurs, contre leur niveau de vie, contre leurs conditions d'existence, ils n'ont à espérer aucune protection du côté du gouvernement. Pire, ce sont quelques-unes des mesures prises par ce gouvernement et présentées comme des mesures sociales qui ont donné au patronat des armes légales pour aggraver sa pression sur le monde du travail.

Il n'est que de voir l'attitude du gouvernement sur ce qui est en ce moment le problème majeur des travailleurs : les licenciements collectifs, y compris dans de très grandes entreprises championnes du profit.

Les patrons ont le cynisme, pour justifier les licenciements, d'évoquer la compétitivité, la concurrence internationale. Mais c'est un mensonge grossier.

Pourquoi donc une entreprise comme Danone deviendrait-elle moins compétitive en sauvegardant l'emploi de tous ses travailleurs ? La concurrence internationale l'obligerait à réduire ses prix ? Mais pourquoi est-ce sur ses frais salariaux qu'elle devrait prendre pour avoir des prix plus bas ? Pourquoi pas sur les dividendes qu'elle distribue aux actionnaires ?

Avec seulement une petite fraction de ses profits, un trust comme Danone pourrait payer le salaire de tous les travailleurs qu'il envisage de jeter à la rue jusqu'à leur retraite. Il pourrait le faire sans augmenter le prix d'un seul paquet de biscuits ou d'un seul pot de yaourt.

Evidemment, Danone ne le fera pas de plein gré, parce que les gros actionnaires de toutes ces entreprises-là se moquent éperdument des dévastations entraînées par les licenciements. Alors, il faut les contraindre et d'abord il faut imposer au gouvernement de prendre d'autres mesures que le projet de loi Guigou, cet emplâtre sur une jambe de bois.

Cela fait des années que Lutte Ouvrière défend l'interdiction des licenciements. C'est indispensable pour que les travailleurs, qu'ils soient ouvriers dans les biscuiteries ou la métallurgie, employés d'aviation ou vendeurs dans les magasins, ne soient plus soumis à cette menace. Il faudra réquisitionner toute entreprise qui se prépare à licencier, en bloquant ses comptes et en utilisant ses profits en priorité pour maintenir les emplois menacés. Ce n'est pas impossible, c'est une question de rapport de force : il faut imposer un renversement des priorités. Les salariés d'abord, les actionnaires après. Les actionnaires ne sont pas indispensables à la production et à la commercialisation. Seuls les salariés le sont !

Un certain nombre de syndicats (dont ceux directement concernés par les plans de licenciements), d'organisations politiques (dont le Parti Communiste et Lutte Ouvrière) appellent à une manifestation nationale le 9 juin, à Paris, de la République à la Nation. Il faut faire en sorte que le succès de cette manifestation soit le plus éclatant possible.

Nous ne pensons pas qu'une seule manifestation, fût-elle réussie, ou même la succession de quelques manifestations, suffisent à faire plier le patronat. Mais chaque manifestation réussie contribuera à redonner confiance aux travailleurs, à condition qu'elle s'inscrive dans une politique, dans une stratégie, dans un plan de mobilisation du monde du travail pour bloquer l'offensive patronale.

C'est à préparer cette nécessaire contre-offensive de leur classe que doivent se consacrer tous les militants ouvriers.

Arlette LAGUILLER

Le cortège de Lutte Ouvrière a rendez-vous à 14 h 00 à l'angle de la place de la République et de la rue du Faubourg-du-Temple.

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