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- Lutte ouvrière n°1717
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Dans les entreprises
Fonderies du Poitou (Ingrandes 86) : - Débrayage massif des intérimaires
Les Fonderies du Poitou fabriquent des carters et des culasses, essentiellement pour Renault. L'entreprise est passée en 1998 sous le contrôle de Teksid, la filiale fonderie du groupe Fiat. Les volumes de production ont pratiquement doublé en cinq ans, tandis que les effectifs passaient de 1 100 personnes dont une centaine d'intérimaires à 1800 dont plus de 650 intérimaires au mois de mars 2001.
Montrée du doigt pour la proportion importante d'intérimaires, la direction s'était vantée dans la presse locale de mettre en place un plan d'embauches ambitieux pour l'année 2001, avec la création de 230 emplois en CDI. Mais le plan d'emplois «ambitieux» a fait long feu, puisqu'à peine annoncé, il fut abandonné sous prétexte que les ventes de voitures baissaient.
Début mai, la direction annonçait qu'elle allait bien réduire la précarité dans l'entreprise mais en ne renouvelant pas les contrats des intérimaires !
Mardi 29 mai, les intérimaires du secteur moulage-culasses de l'équipe d'après-midi, écoeurés d'être une fois de plus renvoyés à l'ANPE, décidèrent avec les travailleurs en CDI de débrayer et d'essayer d'entraîner les autres ateliers.
Au Moulage-culasses, le mouvement fut suivi massivement, mais il ne parvint pas à entraîner un nombre significatif de travailleurs du secteur des carters.
Pas découragés pour autant, les grévistes sont ensuite allés voir les patrons, qui ont bien dû écouter ce qu'ils avaient à dire.
Bien sûr, la direction a campé sur ses positions, et a traité les grévistes avec mépris en déclarant : «Nous n'embaucherons pas d'intérimaires, car il y a baisse d'activité. Si l'on avait embauché hier, on serait obligé de licencier aujourd'hui» (comme si le renvoi des intérimaires ne revenait pas en fait à des licenciements), ou encore : «Ceux qui étaient compétents aux Fonderies le seront ailleurs et n'auront pas de problème pour trouver du travail».
A l'assemblée qui suivit, une grande majorité de ceux qui avaient débrayé décidèrent de continuer jusqu'à 22 heures. Un tract fut rédigé, pour appeler l'équipe de nuit à prendre le relais. Et dans cette équipe, une grosse majorité s'est mise en grève. Quant à l'équipe du matin, elle a participé massivement aux deux heures de débrayage appelées par la CGT.
Dans les débrayages, les intérimaires, contents de se retrouver nombreux aux côtés des CDI, se disaient qu'ils auraient sans doute d'autres occasions de faire la fête aux patrons ! Bien sûr, cette mobilisation n'a pas été suffisante pour imposer l'embauche des intérimaires. Mais une telle participation des intérimaires est une première, et un encouragement pour l'avenir. La précarité a été longtemps un obstacle à la lutte collective, elle en a été cette fois le moteur.