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Leur société
Planification écologique : Macron brasse du vent
On aurait mauvaise grâce de se plaindre : alors que sur le front climatique le bilan de l’année 2023 promet d’être pire que celui de 2022, déjà alarmant, Macron, en dévoilant les 24 et 25 septembre son projet de planification écologique, a brassé quantité d’air.
Recyclage et bricolage au programme, on n’assistait pas à un épisode de Louis-la-Brocante. Pourtant on aurait pu le croire, tant les annonces du président sentaient le moisi. On a pu entendre que le pays « serait totalement sorti du charbon pour la production de notre électricité » d’ici le 1er janvier 2027. Or la campagne du candidat Macron en 2017 n’en promettait-elle pas la fin pour 2022 ? D’ailleurs, le charbon n’est responsable que de 0,6 % des émissions de CO2. Qu’en est-il donc des autres énergies fossiles, pétrole et gaz, dont la consommation croissante et l’extraction constituent une menace pour une partie de l’humanité, mais enrichissent les capitalistes de l’énergie ?
Le silence présidentiel en dit long sur l’intérêt qu’il porte à la question. Dans l’art du discours, en revanche, on a eu droit à des tombereaux de formules aussi contradictoires que surprenantes, l’écologie de Macron étant tour à tour « à la française », « compétitive », et même « souveraine ». Comme si justement l’urgence liée au réchauffement climatique et aux catastrophes humaines n’exigeait pas des réponses à l’échelle de la planète, ignorant les frontières et encore plus la compétitivité chère aux capitalistes !
Le démagogue, qui veut se montrer complice en déclarant qu’il « adore la bagnole », ne cherche qu’à gagner du temps quand il survole le sujet des transports, responsables de 30 % des émissions de gaz à effet de serre. Il agite le mythe de la voiture électrique, présentée comme la solution à tous les problèmes, en prétendant la rendre accessible aux travailleurs en prix et en nombre, alors que n’existent ni les batteries réellement écologiques ni les mégawatts pour les alimenter. Des transports collectifs, en un réseau dense, fiable, seraient une nécessité, en particulier dans les zones rurales où pour l’instant les habitants restent tributaires du véhicule individuel. Mais les 700 millions d’euros prévus pour les RER métropolitains tiennent du gadget, alors que le ferroviaire est laissé à l’abandon. Les 38 millions de voitures individuelles, leurs gaz polluants et leurs carburants de plus en plus chers ont encore de belles années devant elles…
Il en est de même pour les capitalistes de l’agriculture, qui vont pouvoir continuer à répandre les polluants dits phytosanitaires au mépris de la santé des agriculteurs et de la vie même des insectes et des oiseaux. Quant aux bétonneurs, ils vont pouvoir continuer d’artificialiser les sols, tant les projets d’aéroports, de mégabassines, de zones commerciales et logistiques se multiplient et sont encouragés.
Par contre, sur la question des prix de l’énergie, qui pèsent sur les budgets des travailleurs, l’écologie et la protection de la planète deviennent des prétextes pour protéger en réalité les profits des TotalEnergies, Orano et autres. Pour avoir une chance d’atteindre les objectifs fixés par les scientifiques pour le climat, il faudra mener d’autres combats. D’ici là, les éoliennes auront fort à faire pour faire plus de vent que Macron.