La Poste : exploiteurs des sans-papiers27/09/20232023Journal/medias/journalarticle/images/2023/09/P12-2_2022_05_01_Manif_1er_mai_47_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C42%2C800%2C491_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

La Poste : exploiteurs des sans-papiers

Le syndicat SUD-PTT a attaqué en justice La Poste, accusée de fermer les yeux sur l’exploitation de travailleurs sans papiers dans ses filiales. Depuis mars 2017, il existe en effet une loi imposant en principe aux grands groupes un « devoir de vigilance » sur ce qui se passe dans celles-ci.

Illustration - exploiteurs des sans-papiers

Comme toutes les obligations légales de ce genre, cette loi aboutit au mieux à une publication sur papier glacé. Il se trouve que La Poste n’a même pas été capable de s’en acquitter correctement, ne faisant pas par exemple figurer la liste de ses filiales sur le document, d’où sa présence au tribunal. Heureusement, de nombreux travailleurs concernés ont depuis des années entrepris de faire respecter leurs droits de la seule manière efficace, la grève.

La Poste a mis en place de nombreuses filiales pour s’acquitter de tâches autrefois remplies par les postiers, en particulier dans le traitement des colis et la logistique. Le but est de pouvoir employer du personnel à des conditions bien pires que dans les services de La Poste elle-même. Mais, comme si cela ne suffisait pas, ces filiales ont elles- mêmes mis en place un système de sous-traitance en cascade. C’est ainsi le cas chez Chronopost ou DPD, où le traitement des colis est sous-traité à Derichebourg, qui lui-même les sous-traite à des sociétés d’intérim, dont Derichebourg intérim. En fin de circuit, les travailleurs sont employés sous des contrats de mission qui se limitent à une semaine, et de nombreux sans-papiers doivent ainsi accepter des horaires inhumains, et faire des heures supplémentaires non payées.

Depuis plusieurs années, des grèves ont éclaté pour protester contre cette situation et réclamer la régularisation des sans-papiers, des piquets se sont installés devant des sites comme Chronopost à Alfortville ou DPD au Coudray-Monceau, ou encore à l’agence d’intérim RSI à Gennevilliers. Les manifestations se sont multipliées. Quelques cartes de séjour ont été délivrées mais, pour la majorité, les préfectures réclament toujours de nouveaux documents et refusent toute régularisation collective. La Poste, la préfecture, le gouvernement se tiennent ainsi la main pour couvrir cette exploitation éhontée des travailleurs sans papiers.

Aujourd’hui, si le tribunal condamne La Poste, l’hypocrisie de ce grand groupe entièrement aux mains de l’État sera dénoncée, mais surtout cela ne pourra que renforcer la volonté de lutte des travailleurs sans papiers.

Partager