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- Lutte ouvrière n°2878
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Leur société
Travailleurs français-immigrés : refuser la guerre entre pauvres
« Nous, Français, […] nous devons être humains, mais on doit être rigoureux et on ne peut pas accueillir toute la misère du monde », a déclaré Macron lors de son intervention télévisée du 24 septembre, reprenant partiellement une phrase de Michel Rocard prononcée en 1989 alors qu’il était Premier ministre – socialiste – de Mitterrand.
Les représentants de la bourgeoisie, de Macron à l’extrême droite, comme souvent ceux qui se disent de gauche, reprennent plus ou moins la même idée selon laquelle il ne serait pas possible d’accueillir quelques dizaines de milliers de pauvres qui cherchent à ne pas mourir de faim ! Ils restent à dessein sur ce terrain, alimentant la surenchère anti-immigrée.
Les migrants, ces travailleurs qui cherchent seulement à gagner leur vie pour faire vivre leur famille, comme n’importe quel travailleur quelle que soit sa nationalité, sont montrés du doigt comme s’ils avaient une quelconque responsabilité dans l’appauvrissement général de la population. Ceux qui, parmi les politiciens, désignent les migrants comme une menace cherchent en fait à faire croire qu’il n’y a plus les moyens de garantir un accès aux soins, au logement, à un emploi avec un salaire correct. C’est aussi de cette façon qu’ils justifient la politique anti-ouvrière, les attaques contre les travailleurs.
Désigner ainsi des boucs émissaires est un moyen de faire diversion, de masquer les responsabilités du grand patronat dans l’explosion des prix, le chômage, les bas salaires et de manière générale la dégradation de la société. C’est un moyen que les ennemis des travailleurs ont toujours utilisé pour diviser afin de mieux régner.
Mettre en concurrence les travailleurs entre eux, les patrons le font constamment, opposant le travailleur embauché à celui qui est intérimaire, celui qui a un emploi à celui qui est au chômage ou au RSA. C’est « l’arme la plus acérée de la bourgeoisie dans sa lutte contre le prolétariat », pour reprendre les mots qu’employait Engels il y a plus d’un siècle.
Le mouvement ouvrier, quand il se fixait l’objectif de renverser le capitalisme pour mettre fin à l’exploitation, combattait ce fléau de la division. Aujourd’hui comme hier, la seule issue pour les travailleurs est de se regrouper, quels que soient leur origine, leurs papiers et la couleur de leur peau, partout dans les entreprises et les chantiers, et de retrouver cette conscience de leur unité indispensable dans leur lutte contre leurs exploiteurs.