- Accueil
- Lutte ouvrière n°2878
- Prix de l’essence : le gouvernement propose, le patronat dispose
Leur société
Prix de l’essence : le gouvernement propose, le patronat dispose
Le prix de l’essence a encore augmenté et avoisine à nouveau les 2 euros. Les actionnaires de Total notamment, dont les profits ont doublé l’an dernier pour atteindre 36,2 milliards d’euros, vont encore pouvoir se frotter les mains.
Tout ce que Macron a trouvé à annoncer le 24 septembre, est une aide de l’État au consommateur, limitée à 100 euros par an et qui sera distribuée avec parcimonie. Il n’est plus question du geste symbolique proposé par la Première ministre, Élisabeth Borne, une semaine plus tôt à Total et aux grandes surfaces qui vendent l’essence, à qui elle avait suggéré de vendre « à perte », leur promettant la levée de l’interdiction d’une telle pratique, inscrite dans la loi depuis 1963.
Cette annonce était dérisoire car, même si les grandes surfaces affichent des produits à prix coutant, ou même en fait à perte, elles peuvent rester bénéficiaires en négociant avec leurs fournisseurs des ristournes confidentielles, sans compter le fait qu’elles peuvent toujours se rattraper sur d’autres produits. Quant à Total, il est son propre fournisseur ! À défaut de faire réellement baisser les prix, l’annonce de Borne aurait peut-être pu redresser sa cote dans les sondages. Mais c’était sans compter sur la réaction du PDG de Total, Patrick Pouyanné, qui a balayé d’un revers de main l’annonce de la Première ministre. Il lui a signifié que la seule limite à la hausse du prix du carburant est celle que Total a fixée en disant qu’il ne dépassera pas les 2 euros le litre.
La grande distribution, elle aussi impliquée dans la vente de l’essence, a fait entendre la même musique : « Nos entreprises ne sont pas fabriquées pour la vente à perte, nous n’en ferons pas », a tranché le représentant des magasins Leclerc. Il ne restait plus à Macron qu’à aider la Première ministre à avaler son chapeau.
Ce petit épisode rappelle clairement qui décide vraiment, des politiciens ou des capitalistes. Pendant ce temps, la facture reste salée pour celles et ceux obligés de prendre leur voiture pour aller travailler ou pour rechercher un emploi. Les travailleurs ne peuvent accepter d’être réduits à des mesures de charité de l’État de plus en plus insignifiantes : il leur faut imposer l’indexation des salaires sur les prix des principales dépenses, dont l’essence.