Chantiers de l’Atlantique – Saint-Nazaire : les combines de la direction contre la représentation ouvrière27/09/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/09/2878.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Chantiers de l’Atlantique – Saint-Nazaire : les combines de la direction contre la représentation ouvrière

Le chantier naval de Saint-Nazaire emploie en permanence 9 000 travailleurs pour construire principalement des paquebots de croisière. Les ouvriers représentent les deux tiers de l’effectif total. Face à cette concentration ouvrière riche d’une tradition combative, la direction de l’entreprise a mené et poursuit une politique acharnée de division et de musellement.

C’est ainsi que, sur le total des 9 000 travailleurs du site, 400 entreprises sous-traitantes en emploient près de 6 000, dont un grand nombre de détachés originaires des pays du sud et de l’est de l’Europe. Quant aux 3 600 salariés directs des Chantiers de l’Atlantique, 1 100 sont des cadres et ingénieurs, 1 400 des techniciens et agents de maîtrise, et seulement 1 100 des ouvriers. La proportion des ouvriers Chantiers est de fait en constante diminution année après année.

Évidemment, tout cet encadrement technique et hiérarchique n’a de sens que parce qu’il encadre l’ensemble des travailleurs du site, ceux de la maison-mère comme ceux de la sous-traitance, dont l’effectif est très majoritairement ouvrier.

C’est dans ce contexte que viennent d’avoir lieu les élections des délégués au CSE des Chantiers de l’Atlantique, où l’effectif des cadres est donc sensiblement égal à celui des ouvriers. Dénonçant cet état de fait, la CGT s’était appuyée depuis plusieurs années sur une disposition légale instituant la notion de communauté de travail dans les élections professionnelles. Cela a permis que soient pris en compte plusieurs centaines de travailleurs sous-traitants et que la CGT reste le premier syndicat du site jusqu’en 2019.

À cette date, la direction des Chantiers a mis en place un accord d’entreprise (approuvé par la CGC, la CFDT et FO) qui manipule de manière flagrante la répartition des collèges électoraux en faveur de l’encadrement et au détriment des ouvriers : contre toute réalité, la proportion d’encadrants et d’ouvriers de la sous-traitance est tout simplement décrétée identique à celle de la maison-mère. Résultat : la direction reconnaît seulement 547 ouvriers sous-traitants sur les quelque 6 000 qui embauchent sur le site quotidiennement et 1 290 encadrants sous-traitants qui eux, pour la plupart, n’existent pas ! Contestée par la CGT, cette disposition attend depuis quatre ans son dénouement juridique.

Parallèlement, comme si cela ne suffisait pas, la direction a ajouté une autre manipulation, par le biais d’un vote électronique très complexe pour ceux n’ayant pas un ordinateur à disposition sur leur poste de travail et qui sont pour l’essentiel les ouvriers. Aux autres, la direction rappelait tous les jours sur l’écran d’accueil de leur ordinateur qu’il ne fallait surtout pas oublier de voter.

Face à cette situation, dans de nombreux secteurs, des militants ont mené une active campagne de mobilisation pour le vote, afin que la voix des ouvriers (que certains voudraient rendre invisibles et muets) puisse s’exprimer au moins partiellement dans ces élections. Cela a eu un certain succès puisque, contrairement au précédent scrutin de 2019, la participation des ouvriers au vote a nettement dépassé les 50 %.

Le résultat a été connu le 20 septembre et la CGT obtient 65 % des votes ouvriers (+12 points par rapport à 2019) tout en se maintenant à 27 % chez les techniciens. Au global des trois collèges électoraux, la CFDT devient le premier syndicat avec 32 % des voix, la CGT reste le second avec 30 %, la CGC recule à 25 % et FO s’effrite avec 14 %.

Ce résultat a été ressenti comme un succès par les ouvriers de la maison-mère comme par ceux de la sous-traitance qui continuent à refuser d’être muselés et de devenir les sans voix que voudrait la direction.

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