SNCF : bricolage ferroviaire27/09/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/09/2878.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

SNCF : bricolage ferroviaire

Après avoir été évacuée en partie le 21 septembre, la gare de Paris-Montparnasse a de nouveau connu la cohue et le chaos dimanche 24 septembre. Une panne électrique a en effet paralysé le trafic TGV dans le nœud ferroviaire de Massy.

Les passagers d’un train bloqué dans un tunnel ont été évacués et ont subi six heures de retard. Des dizaines d’autres trains ont été bloqués. Si l’incident a pris fin dans la soirée, nul doute qu’il se reproduira tôt ou tard, à Montparnasse comme ailleurs, tant l’encombrement du réseau, sa vétusté, celle des appareils de voie ainsi que celle d’une partie du matériel roulant sont en cause.

SNCF Réseau, responsable d’une infrastructure laissée à l’abandon pendant deux décennies, finance aujourd’hui des travaux de rénovation des voies. Mais il ne s’agit que de stopper le vieillissement du réseau et non de le rajeunir. De plus, ces travaux sont financés par l’augmentation des péages facturés à SNCF Voyageurs, qui répercute évidemment la hausse sur les usagers. Quant aux 8 000 km de lignes dites secondaires menacées de fermeture, elles sont laissées à la charge des régions.

De son côté, SNCF Mobilités, par souci de rentabilité, a investi au minimum dans du matériel roulant neuf, préférant user jusqu’à la corde le vieux matériel. Ainsi, après avoir annoncé la suppression des trains de nuit, la SNCF a fini par rouvrir des liaisons, mais en recyclant des voitures Corail hors d’âge et sauvées in extremis de la casse. Le nombre de TGV est notoirement insuffisant et les plus anciens circulent depuis plus de 35 ans. Les prochaines livraisons de TGV n’auront lieu que fin 2024 à raison d’une dizaine par an. Mais la SNCF vient d’abattre sa carte maîtresse digne du bricoleur du dimanche : prolonger de deux à dix ans la durée de vie programmée d’une centaine de TGV, soit près du tiers du parc.

Appliquant la politique du flux tendu, dans le but d’économiser le matériel et la main-d’œuvre, la maintenance des TGV ­Ouigo se fait de nuit dans les techni­centres. Les rames reviennent à l’exploitation commerciale au petit matin, au mépris du confort et parfois de la sécurité des voyageurs, comme des conditions de travail des cheminots.

Mais l’essentiel est qu’entre flambée des prix et pénurie de trains, la SNCF, a obtenu des profits record : 2,4 milliards d’euros. La ponctualité des trains et la sécurité des voyageurs passeront après.

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