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- Lutte ouvrière n°2878
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Dans les entreprises
13 octobre : faire entendre les revendications ouvrières
Fin août, les huit organisations de l’intersyndicale ont lancé un appel à « une journée de mobilisations et de manifestations », le 13 octobre, « contre l’austérité et pour l’augmentation des salaires, des pensions et l’égalité femme-homme ». Elles relaient, pour le même jour, un appel venant de la confédération européenne des syndicats.
Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, dans une conférence de presse, a dénoncé le fossé qui se creuse entre les salaires et les prix. Elle constate « qu’une part de plus en plus nombreuse de travailleurs ne peuvent plus prendre trois repas par jour », tandis que les profits des entreprises explosent, comme « dans l’alimentaire où le taux de marge est passé de 30 % à 45 % entre 2021 et 2022 ». Elle entend s’appuyer sur « la colère extrêmement forte et les nombreuses mobilisations dans le pays » pour réussir cette journée du 13 octobre. Indice que la Confédération souhaite la réussir, elle a mis du matériel militant, tracts et affiches, à la disposition de ses syndicats un mois à l’avance.
Le langage de Sophie Binet contribuera-t-il à mobiliser les militants syndicaux dans les entreprises, qui se heurtent à la résignation et sont aspirés par la routine de leur syndicat ? En tout cas les perspectives qu’elle fixe pour cette journée mènent à une impasse. La CGT demande « aux employeurs d’ouvrir des négociations salariales à tous les niveaux ». Elle veut utiliser cette journée du 13 octobre pour peser sur la conférence sociale sur les bas salaires, concédée par Macron aux chefs des partis de gauche après leur nuit commune à Saint-Denis, qui démarrera le 16 octobre. Comme pendant la mobilisation contre la retraite à 64 ans, l’intersyndicale aligne son calendrier sur celui du gouvernement et veut laisser croire qu’il pourrait sortir quelque chose de ces négociations.
C’est un mensonge. Les capitalistes, qui se livrent entre eux une guerre féroce pour accaparer les richesses créées par les travailleurs, n’accorderont aucune augmentation de salaire sérieuse sans y être contraints par un puissant mouvement collectif. Et si survenait une explosion de colère suffisamment profonde pour effrayer le patronat, se contenter d’une « augmentation du smic et des politiques salariales dans les branches, les entreprises et la fonction publique », ou encore de « mettre des conditions aux aides publiques aux entreprises », comme le réclame la CGT, serait une trahison.
Face à la hausse massive des prix, ceux des biens vitaux, la nourriture, l’énergie, l’essence, éviter la chute dans la pauvreté nécessite que tous les salaires et les pensions augmentent dans la même proportion et en temps réel. L’indexation des salaires sur la hausse des prix est une revendication qu’il faut défendre partout dès maintenant. L’inflation est une forme brutale de la lutte de classe menée par les capitalistes contre les classes populaires et, face à cette offensive patronale, l’immense force collective des travailleurs doit se mobiliser, utiliser leur rôle indispensable dans la machine à profits. Quelles que soient les limites de l’appel de l’intersyndicale, les travailleurs conscients doivent saisir l’occasion des manifestations du 13 octobre pour entraîner leurs camarades de travail, discuter avec eux des revendications à mettre en avant et de la nécessaire lutte à mener.