CGT : les prudentes audaces de Martinez21/10/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/10/2464.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

CGT : les prudentes audaces de Martinez

En réponse aux propos d’Hollande qui disait, en faisant allusion à la CGT, qu’il était « commode de ne jamais s’engager à signer le moindre accord », Philippe Martinez, son secrétaire général, a déclaré : « C’est un peu caricatural de présenter la CGT comme ça », ajoutant, comme pour s’excuser de son audace d’avoir décidé au dernier moment de bouder la conférence sociale, que la CGT signait 80 % des accords, soit en entreprise, soit en branche professionnelle.

Auparavant, dans Le Journal du dimanche du 18 octobre, il prévenait le gouvernement : « Faites attention, ça va exploser », se gardant de préciser s’il craignait ou s’il souhaitait une telle explosion. Mais il est significatif que Martinez et la direction confédérale de la CGT n’aient pas sur-le-champ pris position en faveur des salariés d’Air France, face au déferlement médiatique et politicien dénonçant leur prétendue violence, et qu’il ait fallu deux jours pour qu’ils réagissent, bien timidement, en faveur des salariés. Déjà en avril dernier, la direction confédérale n’avait proposé qu’une journée d’action toute symbolique contre la loi Macron. Et, lors de la toute récente journée du 8 octobre, rien n’a été réellement fait pour qu’elle puisse être le début d’une riposte et donne de l’élan aux militants et aux travailleurs combatifs qui, nombreux, rongent leur frein depuis des mois.

Les dirigeants de la CGT invoquent, pour se justifier, le manque de combativité des travailleurs. Mais ils ont une bonne part de responsabilité dans une situation qui, on l’a vu à Air France et ailleurs auparavant, est plus contrastée qu’ils le prétendent. Mais surtout, le rôle des organisations ouvrières, le rôle des organisations syndicales qui se situent sur la terrain de la défense des intérêts fondamentaux des travailleurs, n’est-il pas d’agir pour transformer une passivité, liée à la démoralisation du monde ouvrier, en une envie de réagir pour changer le cours des choses ?

Il est urgent d’inverser le rapport de force entre le monde ouvrier et ses exploiteurs. Et c’est possible. Pour cela, il faut commencer par proposer des objectifs de lutte avec des mots d’ordre généraux, sur lesquelles la classe ouvrière puisse se retrouver collectivement. Comme par exemple, face au chômage sans cesse grandissant, l’interdiction des licenciements et la répartition du travail entre tous, sans diminution de salaire, l’indexation des salaires sur les prix, ou encore l’abolition du secret bancaire et commercial.

La posture de la direction de la CGT est loin, bien loin de cela. Elle se limite à tenter d’apparaître comme un partenaire raisonnable, un peu plus remuant que les autres, sans la volonté visible de mettre un coup d’arrêt à la politique ouvertement antiouvrière et pro-patronale des socialistes.

L’heure n’est pas de prévenir le gouvernement des risques d’un coup de colère du monde du travail, mais de préparer cette explosion et de l’organiser.

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