Maroc : derrière les beaux discours, la discrimination des femmes21/10/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/10/2464.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Maroc : derrière les beaux discours, la discrimination des femmes

Le Maroc se targue de participer à toutes les conférences internationales relatives aux droits des femmes, et le pays a ratifié la plupart des documents internationaux destinés à promouvoir l’égalité hommes-femmes. Il vient de présenter devant l’ONU son rapport périodique sur la question, qui concerne les années 2009-2012.

Ce rapport met sans doute en avant les quelques dispositions prises ces dernières années en faveur des femmes, comme le droit à l’IVG en cas de viol, d’inceste ou de malformation grave du fœtus, ou bien la répression du harcèlement sexuel. Mais, derrière ces mesures bien insuffisantes, les beaux discours ne peuvent occulter une situation désastreuse pour les femmes de ce pays, qui de plus se dégrade dans certains domaines.

L’Association démocratique des femmes du Maroc (ADFM) a publié un rapport parallèle, écrit en collaboration avec 32 autres ONG marocaines, qui dénonce les multiples discriminations dont les femmes sont victimes. Même si l’IVG est tolérée dans certains cas, il n’en reste pas moins qu’une femme choisissant de se faire avorter au Maroc peut aujourd’hui écoper d’un à cinq ans de prison ferme. Cela conduit à la multiplication des avortements clandestins, estimés à 600 à 800 par jour, dans des conditions sanitaires souvent lamentables.

L’ADFM pointe aussi du doigt les difficultés d’accès au divorce pour les femmes, l’interdiction des relations sexuelles hors mariage, auxquelles on peut ajouter l’augmentation constante ces dernières années des mariages de mineures, essentiellement des jeunes filles entre 14 et 17 ans. Alors que le Maroc en comptait 18 000 en 2004, le nombre de ces mariages est passé à 35 000 en 2013. Ils sont théoriquement interdits par le nouveau Code de la famille, mais les dérogations accordées par le juge de la famille, censées être utilisées de manière exceptionnelle, sont devenues la règle.

En matière de droit du travail, la situation des femmes régresse aussi. Le taux d’activité féminin, déjà trois fois plus faible que celui des hommes, est passé de près de 28 % en 2000 à 24,7 % en 2012. Cette situation s’explique en partie par une plus grande vulnérabilité des femmes sur le marché de l’emploi, car elles sont globalement moins scolarisées et moins formées que les hommes. L’analphabétisme concerne encore 47,6 % des femmes (et plus des deux tiers d’entre elles en zone rurale) contre 25,3 % des hommes.

Derrière l’esbroufe des conférences internationales et des rapports à l’ONU, reste la mauvaise volonté manifeste du gouvernement du Maroc, même en matière de législation et d’avancées sociales pour les femmes.

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