Conférence sociale : la priorité de Hollande, démolir les droits des travailleurs21/10/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/10/2464.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Conférence sociale : la priorité de Hollande, démolir les droits des travailleurs

Hollande, en changeant sans préavis l’ordre du jour de sa conférence sociale du 19 octobre, et en mettant en première ligne comme réforme prioritaire le Code du travail, a montré à quoi elle était surtout destinée : une tribune pour montrer, une fois de plus, qu’il était d’abord soucieux de répondre avec empressement aux attentes du patronat.

Et là, foin de prétendu dialogue ou de négociation. Le gouvernement veut aller vite, très vite. Une proposition de loi devrait être déposée à l’approbation des députés dès le début 2016 et être opérationnelle avant l’été. La nouvelle ministre du Travail a annoncé le lendemain sur France Inter qu’elle allait recevoir en urgence les dirigeants syndicaux, histoire de respecter les formes. Mais le projet, en réalité, était déjà prêt et bouclé. Dans à peine plus d’une semaine, le projet gouvernemental serait soumis au Conseil des ministres.

Le journal Les Échos a relevé que « l’idée du gouvernement est d’aller plus vite que ne le prévoit le rapport Combrexelle sur certains sujets ». Rappelons que ce rapport proposait qu’un accord d’entreprise, ou même d’usine, puisse être inférieur à la loi et aux conventions collectives. Compte tenu du rapport de force en sa faveur, la voie est libre pour le patronat pour remettre en cause des droits des travailleurs, sans même qu’il soit nécessaire de « moderniser » le Code du travail.

Quant aux « garanties », évoquées par Hollande, il s’agit d’une vaste fumisterie. Le gouvernement annonce qu’il ne touchera pas aux 35 heures, mais le rapport Combrexelle explicite : les 35 heures seraient simplement le seuil à partir duquel s’enclencherait le paiement des heures supplémentaires. Et encore, la loi permet déjà de ne pas payer ces heures supplémentaires en cas d’accord de compétitivité dans les entreprises. Le gouvernement annonce aussi qu’il « garantira » le temps de travail. C’est-à-dire qu’il respecterait la directive européenne qui limite à 48 heures par semaine la durée maximum hebdomadaire du travail. De toute façon, les lois adoptées dans la dernière période permettent déjà aux employeurs d’imposer, par voie d’accord, l’augmentation de la journée de travail sans avoir à payer les heures supplémentaires, et même de légaliser une baisse des salaires.

Alors, il y a tout lieu de s’inquiéter de la loi en préparation. Ce n’est pas sa popularité qui préoccupe le gouvernement. Non, il est en service commandé, prêt à boire la coupe jusqu’à la lie, pour « accomplir sa mission », celle de conduire aussi loin qu’il le peut l’offensive contre le monde du travail. En espérant seulement que cela ne lui explose pas à la figure, avec la mesure de trop qui mettrait le feu aux poudres dans le monde ouvrier. C’est pourtant tout ce qu’on peut lui souhaiter.

Partager