L’Europe fait la guerre aux pauvres21/10/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/10/2464.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

L’Europe fait la guerre aux pauvres

Des milliers de réfugiés errent sur les routes des Balkans à la recherche d’une frontière encore ouverte pour rejoindre l’Europe du Nord, en particulier l’Allemagne. Depuis que la Hongrie a fermé ses frontières, les migrants traversent la Serbie, la Croatie et la Slovénie. Mais les uns après les autres, ces pays bloquent à leur tour les passages pour ralentir l’afflux de milliers de personnes qui attendent sous la pluie, dans le froid et la boue.

En réponse à cette catastrophe humanitaire, les dirigeants européens ont envisagé un plan qui prévoit l’installation de centres de tri et d’enregistrement, les « hotspots », dans les pays d’arrivée, pour séparer les réfugiés auxquels ils décident d’accorder un droit d’asile et les autres à expulser au plus vite. Il prévoit aussi la création de forces supplémentaires pour contrôler les frontières extérieures de l’Europe et la mise à contribution, moyennent finance, de pays du Moyen-Orient pour qu’ils retiennent les réfugiés arrivés sur leur sol.

Pour faire faire une partie du sale boulot par d’autres, les gouvernements occidentaux ont accepté de payer, ce qui ne les empêche pas de marchander : ils ont proposé un milliard et peut-être trois au chef de l’État turc, Erdogan, dont le pays compte deux millions de réfugiés et ont même évoqué la possibilité de quelques avancées dans les négociations pour l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne.

Pour la Grèce, qui a vu arriver 500 000 migrants depuis le début de l’année, l’Europe, qui ne lui dispense des crédits qu’au compte-gouttes, a trouvé des fonds, insuffisants bien sûr, pour mettre en place un premier “hotspot” sur l’île de Lesbos.

Les dirigeants européens acceptent des réfugiés, choisis et en nombre limité, mais ils sont bien décidés à tenir à l’écart ces milliers de pauvres qui fuient les guerres et les dictateurs que ces mêmes puissances occidentales ont soutenus en Afrique ou au Moyen-Orient depuis des dizaines d’années.

Leur plan n’est sûrement pas une solution car rien n’empêchera tous ces désespérés de fuir, prêts à parcourir des milliers de kilomètres, en risquant leur vie et celle de leur famille. Il n’est qu’une autre façon de faire la guerre aux pauvres.

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