Amazon – Ormes : le père Noël du commerce en ligne est un exploiteur21/10/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/10/2464.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Amazon – Ormes : le père Noël du commerce en ligne est un exploiteur

À Ormes, près d’Orléans, la plate-forme logistique d’Amazon emploie environ 1 000 salariés. Avec l’embauche d’intérimaires, l’effectif monte à 2 000 durant les quatre mois qui précèdent Noël. Pour le numéro un mondial de la vente sur Internet, aux 89 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2014, tous les moyens sont bons pour faire des bénéfices en comprimant les salaires.

Chaque jour commence par un « brief », avec les objectifs de la journée et, à la mi-journée, un deuxième brief remet un coup de pression supplémentaire, si les objectifs ne sont pas atteints.

À l’approche des fêtes, chaque semaine, les camions de livraison font plus de rotations, le nombre de cartons explose et les espaces de stockage débordent. Les équipes sur les quais voient passer environ 1 000 colis par jour en ce moment, et ceux qui vont chercher les produits référencés, courent plus qu’ils ne marchent.

Avec les rotations de camions supplémentaires, les colis qui arrivent à la fin de l’horaire prévu sont de plus en plus nombreux. Si les horaires sont dépassés en fin de poste, les minutes supplémentaires ne sont pas payées ! Elles ne le sont que si les salariés se sont inscrits sur un planning prévu la veille par le manager. Si ce n’est pas le cas, la pointeuse remet automatiquement l’heure habituelle de départ… Bref, ceux qui se laissent convaincre le jour même travaillent gratuitement. La direction profite de la précarité et de la crainte d’être mis en fin de mission pour l’imposer aux intérimaires. Les nombreux jeunes dont c’est la première mission découvrent que « aider » veut dire travailler à l’œil en langage patronal.

La semaine du lundi 12 octobre, le directeur du site a réuni les salariés pour faire sa communication avant les fêtes. Ces réunions se tenaient par groupes de 150, pour ne pas faire baisser la productivité, en faisant semblant d’être drôle et sympathique. Il y déplore qu’« on ne s’amuse pas assez » au travail. Mais quand certains salariés se sont plaints de travailler les 25 et 31 décembre depuis des années, il a répondu que la loi lui permet de faire travailler tous les salariés ces jours-là s’il en a besoin.

Le groupe fait sa publicité sur ses robots, ses questionnaires et ses gadgets pour faire croire qu’il est à la pointe du progrès. Mais les travailleurs constatent qu’ils n’ont pas la même vision du progrès. La propagande qui déclare : « Le sourire sur les cartons, c’est nous ! » marche de moins en moins, et de nombreux salariés disent plutôt : « On se fait exploiter ! ».

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