Travail du dimanche : accroissement de la flexibilité au profit du patronat21/10/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/10/2464.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Travail du dimanche : accroissement de la flexibilité au profit du patronat

Depuis le dimanche 18 octobre, la loi Macron autorise les magasins situés dans les « zones touristiques internationales » à ouvrir le dimanche et la nuit. Les médias ont vanté le succès rencontré par cette mesure en prenant pour exemple le centre Beaugrenelle, situé dans le 15e arrondissement de Paris, même si, faute d’accord d’entreprise, la moitié des boutiques étaient quand même restées fermées.

À en croire certains patrons interviewés, ils réaliseraient ce seul jour une hausse de leur chiffre d’affaires de 20 à 30 %. Les touristes et les clients seraient ravis de faire leurs courses le dimanche, et 8 000 emplois devraient à terme être créés sur Paris. Tout ce baratin ne tient évidemment pas la route. À supposer que certaines grandes surfaces embauchent des salariés parce qu’ils ont plus de clients, cela se traduira à coup sûr par la perte d’emplois dans les petits magasins de proximité, le budget des consommateurs étant forcément limité – et même de plus en plus. Pour la même raison, comme le notait un économiste, « si les clients achètent un canapé le dimanche, ils le l’achèteront pas le samedi ni le lundi ».

Le gouvernement avance que le travail dominical est un avantage pour les salariés, qu’il se fait au volontariat et qu’il s’accompagne de compensations en termes de salaire et de récupération du temps de travail. Mais, face aux pressions patronales et au chantage à l’emploi, le volontariat n’est bien souvent que théorique. Quant aux hausses de salaire, à part dans les grandes surfaces où la loi impose une majoration de 30 %, ce sont des accords d’entreprise qui en fixent le montant, et il y a fort à parier que si le travail du dimanche s’étend et se banalise, les salaires resteront au même niveau.

Jeudi 15 octobre, un millier de salariés, dont beaucoup de la FNAC et du BHV, ont manifesté dans les rues de Paris aux cris de : « Le dimanche, on veut rester au lit. » Ils sont bien conscients que, dans cette société, la banalisation du travail du dimanche et de nuit sert avant tout les patrons, ne serait-ce qu’en accroissant la flexibilité du travail en fonction de leurs besoins à eux, et non pas du bien-être des salariés. Un recul de plus que le gouvernement impose aux droits des travailleurs.

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