Air France : des ouvriers aux pilotes, contre les sanctions et le plan de licenciements21/10/20152015Journal/medias/journalarticle/images/2015/10/p7_2015-10-5_Rassemblement_Air_France_Roissy_053_0.jpg.420x236_q85_box-0%2C34%2C640%2C393_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Air France : des ouvriers aux pilotes, contre les sanctions et le plan de licenciements

L’objectif de la direction était de jouer sur la division entre les catégories de salariés, notamment entre navigants et personnels au sol, pour faire passer ses attaques. Elle a raté son coup.

Illustration - des ouvriers aux pilotes,  contre les sanctions et le plan de licenciements

Des ouvriers aux pilotes en passant par les mécaniciens, le personnel commercial au sol, les hôtesses et les stewards, le sentiment général est que tout le monde est dans le même bain.

Déjà, la mobilisation réussie du 5 octobre à Roissy, qui avait rassemblé au moins 2 000 salariés toutes catégories confondues, montrait bien que les manœuvres de la direction, qui voulait faire passer les pilotes pour responsables des licenciements à venir, ne marchaient pas. L’affaire des chemises déchirées, suivie de la garde-à-vue de six salariés et l’annonce de leur procès pour le 2 décembre, la mise à pied de deux pilotes et la convocation par la police de onze autres travailleurs, tout cela a encore renforcé la conscience que, contre l’offensive du patron soutenu par l’État, il faut relever la tête et rester soudé.

L’intersyndicale, qui regroupe 12 syndicats, a appelé à la grève pour le jeudi 22 octobre et à un rassemblement devant l’Assemblée nationale contre les sanctions et les licenciements. Les deux seuls syndicats à ne pas appeler sont la CGC et la CFDT. Mais aux ateliers et hangars de la DGI (Direction générale de l’industrie) à Orly-Nord, les militants de la CFDT ont rejoint localement l’intersyndicale. Quant à la DGI de Roissy, des militants CFDT ont dit qu’ils participeraient au rassemblement. Même dans sa communication interne à l’entreprise, la direction peine à trouver du soutien. Par exemple, le PDG d’Air France, Frédéric Gagey, s’est adressé via le service de communication interne à tous les salariés en osant dire qu’il fallait que « tous ensemble », salariés et direction, s’entendent pour le bien de l’entreprise. Or, pas un seul des messages laissés en retour sur le site internet interne n’a repris son discours. Tous les messages étaient critiques. Et ce n’est pourtant pas l’endroit où d’habitude s’exprime la contestation.

Le sentiment très largement répandu est que la direction ment comme elle respire. De Juniac, le PDG du groupe Air France-KLM, a avoué à la presse que le plan de 2 900 suppressions d’emplois était déjà enclenché pour 2016, et qu’environ 1 000 postes seraient supprimés, que les pilotes acceptent ou rejettent le plan Transform 2015. Cela alors que la direction présente depuis des mois le refus des pilotes comme étant la seule raison de nouvelles suppressions d’emplois.

À Orly et Villeneuve-le-Roi, alors qu’avant le 5 octobre, l’encadrement avait reçu pour mission de dire et redire dans les ateliers, les hangars et les services qu’il n’y aurait aucune suppression de postes à la DGI, on annonce maintenant qu’il devrait y en avoir 290. Et quand de Juniac parle de « départs volontaires, pas de licenciements », alors qu’on parle déjà de 500 licenciements secs à Marseille, Bastia et Ajaccio, il n’y a plus grand monde pour croire à son baratin. D’autant plus qu’avec tous les plans de suppressions d’emplois précédents, des volontaires, il n’y en a plus beaucoup.

En plus de l’annonce de poursuites judiciaires à l’encontre des cinq salariés restés deux jours en garde-à-vue, il y a toutes les sanctions internes. Ces cinq travailleurs sont en mise à pied conservatoire sans solde. Une quinzaine d’autres doivent être convoqués fin octobre pour un entretien préalable à sanctions parce qu’ils auraient chanté Tomber la chemise au rassemblement du 5 octobre ou parce qu’on les aurait vus pousser une grille barrant l’accès au bâtiment où se tenait le CCE.

Enfin, toutes les déclarations du gouvernement en soutien à la direction ont écœuré bien des travailleurs. Beaucoup ont pris pour eux les déclarations de Valls traitant les salariés d’Air France de « voyous ». D’un autre côté, malgré la hargne patronale et gouvernementale contre des salariés qui défendent leurs emplois, malgré leur mépris de classe pour les travailleurs en général, hargne et mépris largement relayés par les médias, l’opinion publique ouvrière ne s’est pas laissée berner. Elle a largement pris parti pour les salariés contre la direction d’Air France.

Le fait que le militant syndical CGT des chantiers navals de Saint-Nazaire a refusé de serrer la main à Hollande en solidarité avec ceux d’Air France a beaucoup touché. Dans les ateliers, beaucoup se repassaient la vidéo en notant qu’on avait écarté les caméras au moment où Hollande se faisait interpeller.

Contre toutes les sanctions, contre les licenciements, et contre l’offensive de la direction, il faut que cette colère générale s’exprime. Et il est nécessaire qu’elle se transforme en une mobilisation générale. La direction a décidé le bras-de-fer. Il faut y répondre. Et le rassemblement du 22 octobre ne doit être qu’une première étape.

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