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Leur société
Nouvelle carte des quartiers prioritaires : Toujours moins pour les quartiers populaires
Le discours officiel pour enrober la réforme des aides aux quartiers en difficulté est bien rôdé. Il s'agirait d'une « remise à plat » pour « éviter les saupoudrages », de supprimer la « superposition des dispositifs » pour être plus efficace, de « corriger des injustices ». Si quelques villes populaires vont entrer dans le dispositif comme Le Bourget, et d'autres plus cossues comme Rueil ou Boulogne-Billancourt en sortir, la nouvelle carte supprime surtout les aides à près de 300 communes et 1 200 quartiers qui en bénéficiaient.
La ministre de la Ville met en avant les 400 millions d'aides prévues en 2015, mais ne précise pas ce que va impliquer en perte de moyens la disparition des anciens dispositifs (ZUS, ZFU, ...) qui y sont maintenant intégrés. Elle se contente d'aligner des chiffres ronflants, comme elle l'a fait en avril dernier à propos du programme pour les zones sensibles avec 600 millions annoncés, ou encore pour le futur renouvellement du programme de rénovation urbaine où il est question de plusieurs milliards : des annonces dont la réalité n'a souvent d'existence que sur le papier.
Pour l'heure, le montant des aides pour les quartiers prioritaires est souvent dérisoire, 31 euros par habitant et par an en Seine-Saint-Denis, un département aujourd'hui ravagé par le chômage et la montée de la pauvreté. Dans la nouvelle délimitation annoncée, les aides seront limitées aux villes où plus de la moitié de la population vit avec moins de 940 euros par mois.
Quand on y regarde de plus près, même les maigres budgets que l'État consacre à ces quartiers sont bien plus souvent destinés à aider les patrons qu'aux milieux populaires pour surmonter leurs difficultés : ce sont en effet des aides aux investissements, des dégrèvements de charges et des exonérations d'impôts pour les entreprises qui s'y installeraient.
Ce que le gouvernement présente comme une concentration de moyens pour ceux qui en ont le plus besoin, est en réalité un nouveau désengagement de l'État qui laisse à l'abandon les quartiers populaires. Et cela alors que, dans le même temps, le gouvernement a décidé de réduire encore les sommes que l'État transfère aux communes pour faire face à leurs frais de fonctionnement.