Un jeune Rom laissé pour mort : Un drame de la misère19/06/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/06/lo-2394.jpg.445x577_q85_box-0%2C130%2C1712%2C2350_crop_detail.jpg

Leur société

Un jeune Rom laissé pour mort : Un drame de la misère

Lundi 16 juin, on apprenait que le vendredi précédent vers 23 h 30, un jeune de 16 ans avait été retrouvé sans connaissance, le visage tuméfié et tout le corps meurtri, jeté dans un chariot de supermarché abandonné sur la route, à Pierrefitte en banlieue parisienne.

Le jeune homme, fils d'une famille rom qui, avec deux cents autres personnes, n'avait eu d'autre choix que de s'installer dans un bidonville, aurait été massacré par une bande d'une cité voisine. Des individus, masqués et armés, l'auraient enlevé au milieu des siens, menaçant la famille de mettre le feu au campement si elle portait plainte. Puis, ils auraient séquestré le jeune homme dans une cave de la cité voisine, l'auraient battu, lynché avant de l'abandonner dans le chariot. Quant aux occupants du bidonville, ils auraient alors fui leur campement, la peur au ventre.

Pourquoi une telle violence ? Les enquêteurs et la presse parlent d'une tentative de cambriolage dans un appartement de la cité voisine, d'une description du voleur en puissance qui correspondrait au physique du jeune Rom, de voisins excédés par les voitures vandalisées. Il a aussi été question d'une demande de rançon reçue par un proche de la victime et qui laisserait planer le doute d'un trafic.

Quel que soit le point de départ d'un tel déferlement de violence, il en résulte un drame inadmissible, bestial, un drame de la misère qu'il y a peu de risques de voir se reproduire à Neuilly ou dans quelque autre ville riche. C'est un témoignage des conditions effroyables auxquelles des milliers d'hommes et de femmes roms sont contraints pour tenter de survivre. C'est aussi un témoignage de la misère tant sociale que morale de ceux qui ne voient que la violence pour se faire respecter.

De tels drames se sont déjà présentés. À Marseille où des familles roms ont été chassées de leur campement de fortune par une population hostile, à Helemmes dans le Nord, où d'autres ont été agressées, à Paris où elles sont en butte à des individus haineux... Et c'est un drame comme il risque de s'en produire d'autres, non seulement parce que la situation économique et sociale se dégrade mais aussi parce que bien des dirigeants politiques préfèrent désigner des boucs émissaires pour détourner la colère contre eux.

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