Surpopulation carcérale : Gardiens de prison en grève07/05/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/05/une2388.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Surpopulation carcérale : Gardiens de prison en grève

Lundi 5 mai, les gardiens de la prison des Baumettes, à Marseille, ont envahi le rond-point du Prado, en centre-ville, et distribué un tract à la population pour dénoncer le manque d'effectifs et la dégradation de leurs conditions de travail. Le lendemain, le mouvement s'est étendu à plusieurs dizaines d'établissements en France, en partie bloqués par des gardiens en colère.

Les manifestants font état de 800 postes de surveillants non pourvus, alors que la surpopulation carcérale ne diminue pas, comme le dénonce le dernier rapport du contrôleur des prisons - chargé depuis 2007 de veiller au respect des libertés fondamentales dans ces lieux de privation de liberté. Au 1er avril, 68 859 personnes étaient emprisonnées dans des établissements ne comportant que 57 680 places, soit un taux d'occupation de 119 %.

Une telle surpopulation conduit à ce que deux ou trois prisonniers se partagent une cellule de 9 m². S'ajoutant au manque d'effectifs, elle complique l'accès des prisonniers au travail, ainsi que tous les actes de la vie quotidienne, douches, promenades, parloirs... Elle entretient un climat de violence, qui pèse d'abord sur les détenus, mais aussi sur les gardiens.

Le droit à l'encellulement individuel étant théoriquement garanti par la loi, mais totalement impossible dans les faits, le gouvernement a mis au point un dispositif prévoyant le transfert de détenus prioritaires, ou ayant demandé l'encellulement individuel, dans des établissements moins peuplés. Cela revient, pour la personne détenue, à choisir entre la proximité de l'établissement avec ses proches, qui facilite les visites, ou bien un peu moins de promiscuité. Et cela peut avoir des effets négatifs dans le cas des détenus mineurs, considérés comme prioritaires pour l'encellulement individuel, et pour ces raisons parfois emprisonnés loin de chez eux.

Christiane Taubira, la ministre de la Justice, va présenter dans quelques mois une réforme pénale censée remédier à la surpopulation carcérale, en luttant contre la récidive et en proposant des peines alternatives à la prison. Mais il est probable que cette réforme, si elle voit le jour, ne changera pas vraiment les conditions carcérales. Car leur dégradation est liée au manque de moyens consacrés par l'État à ce secteur, et en particulier à la réinsertion des ex-détenus.

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