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- Lutte ouvrière n°2388
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Solvay - Saint-Fons (Rhône) Contre la perte de rémunération : Six jours de débrayages
L'usine de Saint-Fons du groupe Solvay, anciennement Rhodia, a été paralysée pendant six jours par des débrayages concernant 150 travailleurs, essentiellement en poste, de différents ateliers, soit la moitié de l'usine.
Le ras-le-bol a de nombreuses causes : les effectifs insuffisants, les pressions constantes et les mesquineries de la hiérarchie, des augmentations dérisoires cette année. La goutte d'eau qui a fait déborder le vase est l'annonce qu'il n'y aurait pas de prime d'intéressement (la part groupe) cette année, soit une perte de revenus d'environ 1 500 euros par salarié.
La pilule avait d'autant plus de mal à passer que le groupe Solvay a annoncé 378 millions de profits en 2013, en a versé 271 aux actionnaires, a racheté pour plusieurs millions d'autres entreprises. Et, cerise sur le gâteau, le PDG, qui gagne aujourd'hui 6 000 euros par jour, week-end et jours fériés compris, a été augmenté de 1 000 euros par jour en 2013.
La colère a éclaté dans la nuit du 24 avril, avec des débrayages qui ont entraîné l'arrêt quasi complet de la production le lendemain. La direction et ses représentants ont passé le week-end à tenter de persuader les salariés de reprendre le travail, expliquant qu'ils n'étaient pas si mal lotis, qu'il n'était pas possible de répondre aux revendications au niveau local, que la grève mettait le site en péril... Rien n'y a fait : les débrayages se sont même poursuivis au-delà du week-end. Les travailleurs en journée ont eux aussi été appelés à débrayer, dès le vendredi 25, puis du lundi 28 au mercredi 30 avril.
Face à cette colère que la direction n'arrivait pas à juguler, le chantage et les intimidations sur les grévistes se sont faits plus pressants, avec des menaces de lock-out. Sous prétexte que la grève mettrait en danger les installations, la direction menaçait d'arrêter une partie de l'usine en suspendant les contrats de travail de plusieurs dizaines de travailleurs. C'était sans doute du bluff, car elle avait trop besoin de produit pour fournir les clients, mais face à ce mécontentement profond, elle jouait son va-tout.
Mardi 29 avril, une vingtaine de grévistes d'un atelier sont allés interpeller le directeur du site pour lui remettre d'autres revendications. Alors qu'il tentait d'opposer les salariés à leurs représentants syndicaux, le directeur s'est fait poliment remettre à sa place par un travailleur et a baissé d'un ton.
Les grévistes sentaient qu'à eux seuls, faire reculer la direction serait difficile. Pour tenter d'étendre le mouvement, le syndicat CGT a appelé à des débrayages le mercredi 30 dans d'autres usines du groupe Solvay, à Belle-Étoile, au centre de recherche de Saint-Fons et à La Rochelle. D'autres sites Solvay-Rhodia devaient s'y mettre la semaine suivante, dont le site de Belle-Étoile pour la deuxième fois.
Finalement, les grévistes de Saint-Fons ont décidé de reprendre le travail après la journée du 30, avec le sentiment de s'être fait respecter. Ils ont pu constater les méthodes de la direction, les pressions, et ont pris conscience que ce mouvement parti de façon spontanée avait besoin de se renforcer en s'organisant, avec des assemblées plus larges de travailleurs de tous les ateliers et services. Ils reprennent le travail avec la conviction que rien n'est réglé, et qu'il ne s'agissait que d'une première manche.