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- Lutte ouvrière n°2388
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Dans le monde
Esclavage : La richesse mal acquise de la bourgeoisie
Depuis 2006 on célèbre tous les 10 mai la journée de commémoration de l'abolition de l'esclavage, une date choisie alors par Chirac en souvenir de l'adoption définitive le 10 mai 2001 par le Parlement de la loi Taubira, qui reconnaissait la traite et l'esclavage comme des « crimes contre l'humanité ».
Mais si l'esclavage a été aboli depuis 1848 dans les colonies françaises, il existe encore des hommes politiques qui n'admettent pas que cette horreur et les responsabilités des bourgeoisies française et européennes dans ce commerce ignoble soient dénoncées. C'est le cas du maire lepéniste de Villers-Cotterêts qui a annoncé qu'il ne commémorera pas le 10 mai. Pour le Front national, la dénonciation de l'esclavage est donc encore aujourd'hui insupportable, mais bien des politiciens qui dénoncent le sort réservé à des millions d'esclaves morts de la traite négrière ne vont guère au-delà. Pas un mot n'est dit sur les négriers responsables de la traite, ni sur leurs profits qui ont été à la source d'une partie de la richesse des bourgeoisies européennes.
En instituant la journée du 10 mai, Chirac avait dénoncé l'esclavage comme une « tragédie dont tous les continents ont été meurtris ». C'était passer rapidement sur le fait que la bourgeoisie française en a fait une de ses sources de richesse. C'est grâce à l'esclavage qu'elle s'est enrichie sous la royauté dans le commerce triangulaire entre les ports négriers, en particulier ceux de Nantes et de Bordeaux, et, d'autre part, l'Afrique et les Antilles. Les profits produits avec le sang et la sueur de millions de Noirs réduits en esclavage ont permis l'accumulation de capitaux en Europe et aux États-Unis, donnant une base de départ à l'essor du capitalisme à l'échelle de la planète.
Les bourgeoisies d'aujourd'hui aiment à déclarer que les richesses et les capitaux en leur possession sont le fruit du travail. Elles oublient de préciser que ce n'est pas le leur mais celui de leurs esclaves enchaînés dans les colonies hier, esclaves salariés aujourd'hui.