Pierre Fabre : Un homme qui savait soigner ses profits25/07/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/07/une2347.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Pierre Fabre : Un homme qui savait soigner ses profits

Depuis l'annonce du décès de Pierre Fabre le samedi 20 juillet, les hommages des politiciens de gauche comme de droite se succèdent. C'est d'ailleurs en partie avec leur aide, via des financements publics, que cet expert en rachat d'entreprises s'est constitué son empire.

Le Medef a fait part de sa « très vive émotion », son président Pierre Gattaz déplorant une « immense perte » de cet homme « parmi les grands décideurs français ». Les élus socialistes ont poursuivi l'éloge. François Hollande a salué « un entrepreneur exceptionnel ». Montebourg, lui, a félicité « le défenseur du patriotisme industriel (...) qui a su faire rayonner l'excellence de la pharmacie française dans le monde ». Éloges encore du président socialiste de la région Midi-Pyrénées, du député-maire PS de Toulouse et de Jean-Michel Baylet, patron du quotidien régional La Dépêche du Midi et président du Parti radical de gauche.

Le mythe du petit patron qui devint grand

C'est histoire d'un petit pharmacien qui, dans les années 1950, inventa le premier veinotonique et décrocha le jackpot. Dans la foulée, en 1962, Fabre crée le laboratoire qui porte son nom. Puis au fil des succès commerciaux et des rachats de concurrents, il devient un géant du secteur de la pharmacie et des cosmétiques : rachat des marques Klorane en 1965, Ducray en 1969, René Furtherer en 1978, de l'eau thermale d'Avène en 1990. Fabre est le troisième laboratoire pharmaceutique français, derrière Sanofi et Servier. Avec 10 000 salariés dans le monde dont 6 700 en France, son empire est une multinationale avec 42 filiales et des produits vendus dans plus de 130 pays. Il a réalisé deux milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2012. Sa fortune personnelle est estimée à 1,2 milliard d'euros.

Fabre avait aussi investi dans les médias. Via sa société Sud Communication, il possédait des radios, des quotidiens régionaux comme La Montagne et des magazines comme Valeurs Actuelles. Il était connu pour sa capacité à peser sur les élus locaux du Tarn et de la région. Il savait recevoir chez lui dans son domaine du château du Carla les ministres et les présidents : de Giscard à Fabius en passant par Rocard, Chirac ou Sarkozy, sans oublier Cahuzac, lorsqu'il était conseiller du ministre de la Santé Claude Évin. Hollande était venu inaugurer le 30 mai dernier l'extension d'une de ses usines à Castres.

Toutes ses bonnes relations furent bénéfiques à Fabre, une partie de ses frais de recherche étant d'ailleurs assurée par l'État et les collectivités locales par le biais de multiples subventions. C'est ainsi qu'il s'était vu accorder toutes les facilités pour implanter un « pôle de recherche » sur les terrains de l'ex-AZF à Toulouse en 2008.

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