La Redoute-Roubaix : Les Pinault, ou l'image du patronat25/07/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/07/une2347.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

La Redoute-Roubaix : Les Pinault, ou l'image du patronat

Après avoir tiré le maximum de La Redoute et pressuré le personnel pendant des années, François-Henri Pinault veut maintenant s'en débarrasser pour continuer à investir dans les entreprises du luxe qui rapportent beaucoup plus. C'est que la crise enrichit une minorité de riches alors qu'elle appauvrit le reste de la population, dont les millions de clients de La Redoute. Le personnel ne compte pas se laisser faire et commence à demander des compensations – payées par Pinault – en cas de cession. Et les Pinault ont largement les moyens de payer. Qu'on en juge plutôt.

François, le père, fils d'un modeste marchand de bois, a commencé son ascension en récupérant l'entreprise de son ex-beau-père, avec l'aide... du Crédit Lyonnais. Ce fut là le début d'une longue collaboration avec cette banque qui va participer à son enrichissement.

Puis, il rencontre Jacques Chirac en novembre 1981, dont il va devenir un ami et qui va l'aider à racheter des entreprises en Corrèze. Mais comme la gauche est alors au pouvoir, Pinault va chercher des amis de ce côté, dont Laurent Fabius. Il obtiendra ainsi deux entreprises en liquidation, pour un franc symbolique, Isoroy puis La Chapelle-Darblay, n°1 français du papier journal. Après la recapitalisation de ces entreprises par l'État, Pinault les revend en empochant au passage une plus-value de plusieurs centaines de millions de francs.

En 1989 il achète la CFAO (Compagnie française de l'Afrique occidentale) spécialisée dans le commerce outre-mer, puis le Printemps en 1991, avec l'argent prêté par le Crédit Lyonnais qui est alors une banque publique. En 1992, il embauche comme PDG de son groupe, Jean-Paul Huchon, ami de Rocard et actuel président socialiste de la région d'Ile-de-France. Le Crédit Lyonnais avait, sans en avoir le droit, acheté une société d'assurance américaine en faillite, Executive Life, qu'il a revendue rapidement à Pinault. Le Crédit Lyonnais sera condamné par l'État américain à payer une amende de plusieurs centaines de millions de dollars. Pinault, lui, revendra Executive life avec une énorme plus-value.

En 1994, Pinault rachète La Redoute, qu'il fusionne avec Pinault-Printemps. Le nouveau groupe prend le nom de PPR (Pinault Printemps Redoute). Les acquisitions ne s'arrêtent pas là. Il devient aussi propriétaire de la Fnac en 1994, du magazine Le Point en 1997, de la maison de ventes aux enchères Christie's en 1998...

Quand François-Henri, le fils, prend la tête du groupe, il continue comme son père, qui avait soufflé Gucci à son concurrent Bernard Arnault, à se concentrer sur le rachat d'entreprises du luxe. Pour tous ces rachats, père et fils ont pillé entre autres entreprises La Redoute. Quelques exemples de magouilles, à chaque fois que le logo Redoute apparaît sur n'importe quel support, une somme est versée par La Redoute au groupe Redcats qui lui est lié. Les loyers des bâtiments qui appartenaient depuis toujours à La Redoute remontent à PPR par des voies obscures. De plus, La Redoute était chargée de payer sur son budget la plupart des frais de fonctionnement d'autres entreprises du groupe Redcats. La Redoute pouvait ainsi faire des pertes pendant que Redcats, PPR et surtout la holding financière de la famille Pinault faisaient des profits.

Aujourd'hui, les Pinault, cinquante-neuvième fortune mondiale en 2012, troisième fortune française, possèdent un empire dans le luxe et les vêtements de sport haut de gamme. Ils possèdent aussi une des plus grandes collections d'art contemporain du monde, dans leurs deux palais vénitiens.

Les entreprises comme Conforama, Fnac... et maintenant La Redoute, subissent le même sort : les Pinault s'en débarrassent après s'être enrichis grâce à elles. Imposer à ces patrons de prendre sur la fortune qu'ils ont accumulée pour verser des indemnités conséquentes en cas de cession est une nécessité et ils en ont largement les moyens.

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