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Leur société
Le livret A, les banques et Hollande : L'argent de la population distribué aux banquiers et aux capitalistes
Les banquiers repartent les poches pleines
Après l'annonce de la baisse des taux, une réunion au plus haut niveau était annoncée pour le 19 juillet entre Hollande et les dirigeants des plus grandes banques du pays. Avant même cette réunion, le ministre des Finances, Moscovici, annonçait que les banques allaient disposer de 30 milliards supplémentaires sur la collecte du livret AHollande a tenu à y ajouter sa touche, annonçant qu'il entendait rajouter encore 20 milliards à cette enveloppe. Ce qui ferait 50 milliards à disposition des banques, ponctionnés sur l'épargne populaire.
Le président de la Fédération bancaire française déclarait en sortant de l'Élysée : « Cet entretien s'est très bien passé, nos échanges ont été constructifs », ajoutant : « François Hollande va devenir un professionnel de la chose bancaire. »
Un détournement de fonds vers les caisses des capitalistes déjà bien au point
Il y a près de 62 millions de livrets A dans le pays. Ils drainent l'épargne des moins fortunés, et servent même de compte en banque pour ceux qui n'ont pas ou n'ont plus droit à un chéquier.
Tous ces petits ruisseaux, multipliés par des millions de souscripteurs, font des grandes rivières. L'encours du livret A en mai 2013 se montait à 236,8 milliards d'euros.
En théorie cet argent peu rémunéré devrait servir à financer le logement social, mais tout autant l'économie. Et, en langage de banquiers, il s'agit là de spéculations en tout genre et de tout type. En 2008, les banques avaient gagné du gouvernement précédent l'autorisation de pouvoir, elles aussi, ouvrir et distribuer des livrets A. Mais comme les banques ne se souciaient pas du financement de la chose publique, l'État, bon prince, leur a d'emblée accordé la possibilité de ne devoir reverser que 65 % des sommes collectées et de garder pour leurs bonnes oeuvres 35 % du montant de cette collecte. Et comme les banques sont assez longues à mettre en oeuvre cette préconisation, elles auront tout le temps de se conformer à cette obligation, qui devrait être effective en 2022.
Les banques ne font qu'amplifier ce qui se faisait
En réalité, le pillage de l'épargne populaire au service de la classe capitaliste a été initié depuis longtemps par l'État et se faisant via la Caisse des dépôts et consignations. Cette banque contrôlée par l'État était censée gérer les fonds du livret A, destinés au logement social, puis aux investissements des hôpitaux publics, puis aux investissements des collectivités locales, puis à aider toute l'économie, c'est-à-dire tout et n'importe quoi. C'est dire que la construction du logement social n'est plus un axe prioritaire de l'État, et ne l'a jamais été.
En réalité, la CDC possède toute une série de filiales spécialisées dans l'aide aux entreprises et dans les placements financiers. Depuis la crise de 2008, le phénomène s'est accéléré. Toute une série d'organismes financiers ont été créés, Oseo, FSI, pour assurer la distribution de milliards aux entreprises et aux capitalistes. Et aujourd'hui le tout est censé être centralisé au sein de la Banque publique d'investissement, la BPI. Ce sont des dizaines de milliards qui chaque année ont été distribués par ces voies, non pas tant aux PME, mais à toute une série de grands groupes, à commencer par ceux de l'automobile et leurs annexes.
Alors, quoi d'étonnant à ce qu'Hollande accepte, en tant que garant de l'ordre de la grande bourgeoisie, que les banques pillent et s'enrichissent, en détournant à leur profit l'épargne de millions de travailleurs, de retraités et de chômeurs ?